Comme un petit pois écrasé

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Comme un petit pois écrasé

#0 Posté le par Juliette_et_chocolat

Je ne sais plus à qui parler, je ne sais plus quoi faire. J'en ai assez de faire des efforts surhumains pour garder ma tête hors de l'eau. Je voudrais tellement pouvoir faire l'étoile et me laisser flotter, mais ces derniers temps, j'ai plutôt le goût de me laisser couler... Je n'ai jamais autant pensé à la mort. Même durant ma longue dépression, je n'y ai jamais autant pensé.

Je fais une rechute de dépression en ce moment. Et je suis complètement découragée ! Je n'ai pas l'énergie pour me battre encore !!! Je suis épuisée. Mon estime personnelle est réduite à la grosseur d'un petit pois écrasé. Je me trouve grosse... mais je n'ai pas l'énergie pour changer ça. Je n'ai pas d'homme dans ma vie et je n'en peux plus de souffrir de la solitude. J'ai 31 ans, je mesure 5'8'' et je pèse 170 livres. Je prends de l'Effexor pour ma dépression et du clonazépam pour dormir, depuis 2 ans et demi . Je viens de recommencer ma thérapie cognitivo-comportementale et de réaugmenter Effexor à 300 mg.

Je fais un travail que j'aime mais que je trouve de plus en plus difficile à poursuivre. Me lever le matin est extrêmenent difficile ! Il m'arrive d'être en retard et de subir les foudres de mon patron. Cela me crée beaucoup de stress. Je comprends son point de vue de gestionnaire, mais un peu de compréhension me ferait tellement de bien ! Je peux bien rêver... Il y a tellement de gens qui perçoivent la dépression comme de la faiblesse. Même moi, connaissant bien la maladie, je me juge souvent. Grrrrrrr...

La plus grande souffrance dans ma vie est de ne pas avoir d'enfants, ni d'amoureux. J'ai peur de finir ma vie toute seule. Mais je me rends compte que si je mets fin à ma vie en ce moment, c'est ce qui arrivera ! Ouin... je ne suis pas avancée !

Je suis fille unique et je sais que mes parents aiment beaucoup les enfants. Mon père a construit, sur son terrain, une cabane pour les enfants de mes cousins ! Quand j'ai vu ça aujourd'hui, je me suis enfoncée dans une spirale noire... Je me suis sentie tellement inadéquate, pas assez, pas une vraie femme... J'ai eu honte d'exister. J'ai eu honte de ne pas être celle que mes parents auraient voulu. Même s'ils disent le contraire, la cabane pour moi prouve le contraire. Il y a un manque dans la vie de mes parents et j'en suis responsable. Je ne leur ai pas donné de petits enfants. Je suis jalouse de mes cousins. J'envie leur belle vie dans leurs grandes maisons avec leurs beaux enfants... Je ne suis même pas capable d'aller les visiter tellement je me sens mal, j'ai honte et je suis jalouse d'eux. Je n'ai aucune valeur aux yeux de la société. La seule chose que je fais de bien est d'enseigner à mes élèves. Mais la société ne valorise même pas mon travail ! Et je veux des enfants à moi, je veux une famille et quelqu'un qui m'aime vraiment et moi-aussi.

Il y a un grand vide dans ma vie. Une aspiration profonde non réalisée. Un célibat non choisi. En fait, je n'ai plus de projet de vie. Je veux partager ma vie avec quelqu'un, avoir un projet de vie commun. C'est tellement simple, mais ça n'arrive pas.

Il n'y a pas longtemps, quelqu'un a appelé chez moi par erreur et j'ai alors appris que mon ex avait quelqu'un dans sa vie. Tout le monde m'a dit que j'aurais dû m'en douter après trois ans de séparation... Mais non ! Je me protégrais d'une certaine façon. Je ne voulais pas savoir ! Quand il m'a quittée, il m'a dit que ce n'était pas parce qu'il ne m'aimait plus, mais parce qu'il n'était pas bien dans la vie de couple ! C'est pour ça que j'étais en colère ! J'apprends, tandis que je suis bien tranquille à la maison, par le biais de la personne qui fait ses impôts, qu'il y a une fille sur son rapport d'impôt... Faut le faire !

Sur le coup, ça a été un choc émotif très grand, puis, j'ai réalisé qu'un poids était parti de mes épaules. La menace d'apprendre cette mauvaise nouvelle ne planait plus sur moi. Je savais. Les effets positifs de la libération ont été de courte durée. La fatigue s'est emparée de moi, l'irritabilité avec mes élèves, le manque de mémoire et de concentration. C'est là que je suis allée voir mon médecin et que je suis retournée chez ma psy. Mais bordel que je suis écoeurée de tirer de l'arrière ! Je voudrais aller bien et être heureuse comme les autres. Redevenir la belle femme que j'étais. Car de l'extérieur, je semblais avoir tout pour moi. J'ai parfois l'impression que la vie m'a punie d'avoir trop reçu et m'a tout enlevé. Je me sens comme Job, dans la Bible. Celui qui perd tout et qui crie à Dieu sa colère et son désespoir...

Existe-t-il un moyen de m'en sortir sans faire d'efforts ? Je n'en peux vraiment plus... Je n'ai plus la force. Les idées de mort sont très présentes dans mon esprit. Les seules choses qui me retiennent sont la peur que Dieu ne veuille pas de moi si je me suicide et je ne veux pas faire de peine à ma mère. That's it ! Plus rien ne compte. Un petit mot d'encouragement svp... J'en ai vraaaaaaaaiment besoin !

Merci d'avoir pris le temps de me lire.
Juliette

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Message #22

#22 Posté le par Juliette_et_chocolat

Bonjour tout le monde,

Encore merci pour vos encouragements et témoignages. :)

Je vous écris pour vous donner de mes nouvelles. Le petit pois va mieux !

Le temps des vacances est arrivé et ça se déroule mieux que je l'avais anticipé. J'étais vraiment fatiguée avant de terminer l'école. Au début de l'été, je suis restée à la maison plusieurs jours, avec seulement une petite sortie par jour ou pas du tout, comme d'aller à la pharmacie, à l'épicerie, aller voir un film. À la maison, je lis, je m'occupe de mes plantes et de mes animaux, je regarde des DVD et je dors ! Je dors vraiment beaucoup! Je récupère lentement. Je ne suis pas encore rendue au point de me faire des réserves pour l'an prochain, mais je recharge mes piles tranquillement.

La bonne nouvelle est que j'ai rencontré quelqu'un qui m'intéresse. Ça aide énormément à mon moral. J'en suis consciente. Mais je ne veux pas faire comme d'habitude, m'appuyer sur cette perspective motivante et me retrouver dans la déprime après si ça ne fonctionne pas. J'essaie d'appliquer les trucs appris en thérapie. J'analyse mes pensées et je les reconstruis positivement. Ainsi, je me suis mise à penser que si ça fonctionne avec lui, je n'aurai pas plus de valeur, tout comme je n'en perdrai pas si ça ne fonctionne pas. Bon, c'est bien beau de le penser, il faut l'intégrer et le vivre. Je vais m'y efforcer.

En attendant, j'essaie de ne pas avoir d'attentes. En fait, pour être plus juste, je devrais dire pas trop d'attentes. Car, il est difficile de ne pas en avoir du tout. L'important c'est que mes attentes soient réalistes. C'est correct de s'emballer un peu non ? D'avoir des papillons dans l'estomac quand je pense à lui ? :) Ça fait du bien en tout cas ! Il y a longtemps que je n'avais pas ressenti quelque chose comme ça. Je ressens à nouveau la vie en moi. J'ai l'impression d'avoir quinze ans... Heureusement, avec l'expérience d'une femme de trente ! Et malheureusement avec le corps d'une femme de trente ans aussi ! Bon, ça y est, je recommence ! ;) Mais je crois tout de même que je suis mieux dans mon corps qu'avant. Je ne retournerais pas en arrière. Oh que non !

Vivre l'instant présent
Avoir des attentes réalistes
Respecter mes limites
Me donner le droit à l'erreur
Écouter ma petite voix intérieure...
Apprécier la vie qui s'exprime enfin un peu plus en moi et qui prend le dessus sur la mort.

Bon été !
Juliette xx

Moi aussi.....

#21 Posté le par Arriane

Bonjour, c est en pensant a mon vécu que j ai décidé de t écrire...moi aussi je suis allé dans un bas fond avec le décès de mon mari et maman de trois enfants....je me sentais abattre en douceur, avec le temps j ai décidé de lire beaucoup et de voir la vie autrement ....je suis aujourd hui pourtant encore ici mais pas facile...je pourrais pourtant te parler logtemps de mon vécu....j.ai 41 ans et traversser des montagnes très hautes...

voila donc en toute amitié, je te souhaite bon courage .

Mon nick est; Arianne

Message #20

#20 Posté le par Juliette_et_chocolat

Bonjour Farah,

Merci de tout coeur pour ton témoignage. Tu sembles avoir vécu des choses difficiles et en avoir tiré de l'aplomb, une riche expérience et une grande maturité... J'apprécie beaucoup ta générosité ! Lorsque tu dis que jamais tu n'aurais imaginé arriver à t'en sortir aussi bien, ça me donne de l'espoir. Car en ce moment, j'ai énormément de difficulté à imaginer m'en sortir. Alors, si ça arrivait un jour, peut-être que ça vaudrait le coup d'essayer encore ?

C'est vrai que je suis fatiguée. Telllllllllllllllement ! C'est fou ! Je me demande comment je fais, sincèrement. L'image du robot que tu mentionnes me convient tout à fait ! Je trouve ça intéressant quand tu dis que tu anticipes les moments de fatigue et prévois les moments de repos. Tu sembles bien te connaître. Je crois que pour y arriver, je dois être moins perfectionniste. Je veux trop que tout soit parfait, ne pas faire d'erreurs. C'est pour ça que je trouve ça si dur de me faire critiquer par mon patron lorsque j'arrive en retard le matin. J'ai de la difficulté à prendre les critiques. J'essaie si fort d'arriver à l'heure ! C'est mon corps qui a du mal à suivre. J'ai expliqué à mon patron pourquoi c'était difficile pour moi. Il avait l'air étonné. Il m'a dit que si ça arrivait encore, il couperait dans mon salaire. Moi qui n'ai plus de journées de maladie avec tous ces rdv médicaux que j'ai dû prendre cette année. Puis, il a ajouté que si ça arrivait encore après ça, ça passerait à un autre niveau... Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais je n'aime pas les menaces. Je suis stressée comme c'est pas possible maintenant le matin ! Tout le monde me dit, ben t'as juste à partir plus tôt ! Comme si c'était évident ! C'est la même chose que de dire à quelqu'un qui a du poids à perdre de manger moins. DA ! I know ! C'est difficile pour moi. Et je fais des efforts incroyables. Mais une fois partie, la journée se déroule généralement bien.

En passant, je ne comprends pas que les directions d'école n'aient pas de formation sur la dépression... Ça coûte des millions aux commissions scolaires ! Les profs tombent comme des mouches, épuisés par une tâche de plus en plus lourde, sans aide de spécialistes, sans soutien. Il me semble qu'un peu de prévention ne ferait pas de tord... Un peu de compréhension de leur part aussi. Qu'est-ce qui rapporte le plus à long terme ? Tomber sur la tête du prof qui en arrache jusqu'à ce qu'il tombe en congé de maladie et qu'on doive payer un autre prof pour le remplacer ? Sans compter tous les frais sociaux que cela engendre... rdv médicaux, médicaments, etc. Enfin ! Ou, un peu de soutien et de compréhension durant les moments difficiles, se faire dire que l'on est important pour eux, qu'on est apprécié. Est-ce que je peux rêver ?

Je vais suivre ton conseil, prendre ma décision par rapport à l'été, en fonction de moi. Je n'ai pas envie de travailler. Je suis trop épuisée. Et puis, ça me tente un bon livre sur le bord de la piscine... ;)

J'aimerais te dire, que par rapport à ta mère, je suis certaine que tu prendras la meilleure décision pour toi. Elle ne peut pas changer la belle personne que tu es devenue. Ce que tu as asquis, est là. :) Bonne chance!

Merci encore et à bientôt !

Juliette