Les enfants peuvent souffrir de dépression dès l'âge de six ans selon les recherches de John Abela, professeur de psychologie à l'université McGill.

Le chercheur rappelle que la découverte de la dépression clinique chez les enfants est assez récente puisqu'elle remonte aux vingt dernières années. Toutefois, la plupart des études menées sur la dépression infantile ont porté sur les adolescents, car on croyait que les jeunes enfants n'avaient pas les capacités cognitives, ni la faculté de dégager une perspective d'ensemble pour tirer les conclusions négatives qui nourrissent les symptômes dépressifs.

Ses recherches révèlent que de jeunes enfants pouvaient de fait développer les facteurs cognitifs susceptibles de provoquer une dépression.

Il a entrepris une étude complexe auprès d'enfants d'écoles primaires de Philadelphie et de Montréal. Son équipe de 32 étudiants a mené entre huit et seize évaluations de suivi, contrairement au plan des études classiques qui ne comporte qu'une évaluation initiale et un suivi.

Les enfants ont été invités à décrire les pensées qu'ils auraient eues si certains événements négatifs leur étaient arrivés. « Que se passerait-il si tu avais une mauvaise note à un examen, ou si tu n'étais pas invité à la fête d'anniversaire d'un camarade de classe?

Il a donné une dimension internationale à ses études en se penchant sur l'effet de la culture sur la dépression, une variable rarement prise en compte dans ce genre de recherche, auprès d'environ 1000 adolescents de Montréal et de Shanghai.

« En l'espace de 15 ans, la Chine a connu le même nombre de changements que l'Europe ou l'Amérique du Nord en 70 ans, pendant la révolution industrielle », indique-t-il. L'infidélité conjugale et le divorce ont augmenté de manière vertigineuse, l'urbanisation a détruit l'organisation familiale traditionnelle et les taux de dépression en Chine sont aujourd'hui équivalents à ceux enregistrés dans nos propres pays.

Il a cherché à savoir si, dès lors que les enfants chinois adhéraient aux valeurs matérialistes occidentales, ils affichaient eux aussi les taux plus élevés de dépression qui semblent les accompagner.

Le matérialisme, qui axe tout sur la réussite financière, l'apparence physique et la reconnaissance sociale, semble induire des taux plus élevés de symptômes dépressifs. « Les matérialistes ont un sens très fragile de leur moi car leur valeur dépend de l'obtention d'éléments qui leur sont extérieurs. La qualité de leurs relations interpersonnelles en souffre et ils ressentent plus de stress lorsqu'ils cherchent à atteindre des buts extrinsèques », souligne John Abela. Puisque le matérialisme gagne du terrain en Chine, les taux de dépression augmentent.

Source: francais.mcgill.ca/headway

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