Dans un avis rendu public, le Comité national d'éthique (CNE) estime «indispensable la mise en oeuvre d'un réel contre-pouvoir face à la généralisation excessive de la biométrie».

« Subrepticement, notre société, au nom du paradigme sécuritaire, s'habitue à l'usage de ces marqueurs biométriques », constate le CNE. « Chacun accepte finalement et même avec quelque indifférence d'être fiché,

observé, repéré, tracé, sans souvent même en avoir conscience ».

La biométrie consiste à identifier des individus par leurs caractéristiques physiques : identification faciale, identification grâce à l'ADN, au sang, à l'urine, la rétine, l'iris, sa voix, ou même la façon de taper sur un clavier.

Des exemples éloquents en Grande-Bretagne: Une équipe de chercheurs des universités du Surrey et d'East Anglia travaille sur un logiciel permettant aux caméras de lire sur les lèvres des personnes filmées. Selon des experts, en 2016 des appareils photo miniatures à reconnaissance faciale pourront être incorporés dans des réverbères. Des drones, qui seront expérimentés pendant les Jeux olympiques de 2012 à Londres, pourront être également déployés dans les rues.

Le comité critique sévèrement « une loi qui fait du refus de se soumettre à ce prélèvement un délit », ce qui revient à faire fi du consentement, condition sine qua non de la biométrie. Autre danger : le détournement des données et leurs croisements qui « permet un contrôle étroit et multiforme des personnes, de leurs déplacements et de leurs activités ».

Ce risque de détournement est aggravé, selon le comité, par la possibilité de transmettre de telles données par des techniques performantes de télémétrie. Exemple : «Le passeport biométrique récemment mis en service dans 27 pays d'Europe et d'Amérique illustre bien les risques d'abus de la télémétrie. Des expertises convergentes ont montré que la confidentialité des données transmises à partir des puces électroniques intégrées au passeport biométrique était illusoire.»

Dans ces conditions, le comité est d'avis que «la généralisation, la centralisation et la divulgation, même accidentelle, d'informations biométriques doivent impérativement être efficacement encadrées».

Ils recommandent «un contrôle étroit, sous la responsabilité des autorités judiciaires et de la Cnil, de tout recours systématique à des identifiants communs et une interdiction de l'interconnexion des fichiers».

Sources:
Le Figaro, 25 juin et 31 mai 2007
Libération, 1er juin 2007

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