Une récente étude a montré que l'obésité se répand d'amis en amis. Quand une personne prend du poids (ou en perd), les amis proches ont tendance à en prendre aussi (ou à en perdre).

L'étude, publiée dans le New England Journal of Medicine, analysait de façon détaillée un grand réseau social de 12.067 personnes, suivies pendant 32 ans (1971 à 2003).
"Dans les quelques dernières années, nous avons vu une révolution vers les réseaux (dans le monde de la recherche)" dit Albert-Laszlo Barabasi, professeur de physique à l'Université de Notre Dame.

"Les gens sentaient que les réseaux étaient là, mais ils n'ont jamais eu d'ensembles de données assez grands pour commencer à les comprendre de façon quantitative".

Les chercheurs qui ont montré l'influence sociale ou l'effet réseau pour l'obésité sont tombés sur des données dont ils avaient besoin, celles de l'étude Framingham sur le coeur qui s'est déroulée sur plusieurs décennies et a suivi la plus grande partie de la population de Framingham au Massachusets (États-Unis).

Dans cette étude, les participants nommaient des amis qui pourraient aider à les localiser si les chercheurs perdaient contacts avec eux. Ce lien était exactement ce qui était nécessaire pour étudier un réseau social et surveiller comment il évolue à travers les décennies.

La caractéristique frappante des réseaux, note Dr. Nicholas Christakis de l'école de médecine de Harvard, est qu'ils amplifient tout effet qu'ils propagent. Une personne attrape un rhume qui le transmet à 10 amis, qui le transmettent à 10 autres amis.

Mais au sujet de l'obésité? Les auteurs de la recherche, Dr. Christakis et James H. Fowler, spécialiste en sciences sociales de l'Université de Califormie à San Diego, disent ne pas savoir comment l'influence se produit, mais la dymanique est claire : quand une personne devient obèse, les amis de cette personne ont une plus grande probabilité de devenir obèses, et il en est ainsi de leurs amis et des amis de leurs amis.

Les chercheurs poursuivent leurs recherches sur d'autres questions reliées à la santé. Le tabagisme par exemple.

Les données de l'étude Framingham montrent que les fumeurs ont subi un isolement au cours des dernières décennies alors que fumer est devenu moins acceptable. Dans les années 1970 ils étaient autant intégrés dans des réseaux sociaux que les non fumeurs. Mais vers les années 1990, selon les chercheurs, ils ont commencé à être mis de côté, leurs liens avec les non fumeurs se rompant.

Ils étudient maintenant la dépression, se demandant si elle peut se répandre d'amis en amis. Il y a des indications provenant d'une autre étude que cela pourrait être possible.

Le réseau, dans ce cas, est dérivé de l'étude américaine "National Longitudinal Study of Adolescent Health", une étude qui a suivi des dizaines de milliers d'adolescents pendant plusieurs années et à qui on a demandé de nommer leurs amis. Il ressort, explique Peter Bearman, chercheur en sciences sociales de l'université Columbia, que certaines amitiés augmentent la probabilité de suicide ou de pensées suicidaires chez les adolescentes.

Les amitiés à risque sont celles que Dr. Bearman qualifie de réseau contradictoire, dans lequel une adolescente a deux ami(e)s qui ne s'aiment pas l'un(e) l'autre. "Cela montre l'importance des relations sociales pour la santé et l'estime de soi des filles, dit Dr. Bearman. "Si vous êtes dans une triade instable, il est beaucoup plus difficile de s'insérer."

Dr. Bearman et ses collègues étudient maintenant l'autisme. Le nombre d'enfants autistiques a augmenté rapidement dans les récentes années, mais on ne sait pas quelles proportions sont attribuables à une amélioration des diagnostics et à une augmentation réelle de la maladie.

Dr. Bearman étudie comment les diagnostics d'autisme se répandent. Quand un enfant est diagnostiqué, les amis des parents de cet enfant peuvent se demander si leurs enfants ont aussi l'autisme et les évaluer. Les demandes pour les évaluations augmenteraient ainsi. Les professionnels et les écoles deviendraient plus sensibilisés au trouble et plus susceptibles de le déceler. Les écoles fourniraient alors les services pour les enfants autistiques de la communauté, attirant les familles d'autres régions où l'autisme est moins fréquent et où les écoles ne sont pas autant préparées à aider.

"Il y a une dymanique très importante qui entraine les gens dans un tourbillon diagnostic", dit Dr. Bearman. "L'autisme est réel, mais l'épidémie a très probablement une très importante composante de réseau social."

Source: Gina Kolata, "You, Your Friends, Your Friends of Friends", New York Times, 5 août 2007.

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