Des chercheurs ont montré que les personnes souffrant de dépression majeure sont souvent incapables de réguler efficacement leurs réactions émotives face à des situations négatives et que les centres des émotions de leur cerveau réagissent effectivement différemment à ces situations.

"Il est normal d'avoir des émotions négatives dans certaines circonstances. Une caractéristique de la dépression majeure est que les gens sont incapables de surmonter ces états émotifs négatifs. Ils semblent avoir une incapacité de contrôler leurs émotions pour retrouver leur état émotif normal après une expérience négative", explique Tom Johnstone, principal auteur de la recherche.

Pour évaluer le rôle de la régulation des émotions dans la dépression, l'équipe chercheurs en psychiatrie et en psychologies de l'Université de Wisconsin-Madison a observé, au moyen d'une technique d'imagerie cérébrale (scan), les réactions du cerveau de personnes en santé et de personnes en dépression majeure à une série de photos choisies pour provoquer des réactions émotionnelles négatives (scènes d'accidents ou d'animaux sauvages menaçants par exemples).

Les chercheurs ont demandé aux participants de travailler consciemment à réduire leur réaction émotive à certaines images négatives en imaginant une version plus positive de la scène ou en se disant qu'il s'agissait de fiction.

"Nous leur avons demandé de modifier le contenu de ce qu'ils voyaient plutôt que de distraire leur attention en pensant à autre chose afin que les régions du cerveau associées à la réflexion soient impliquées dans la ré-interprétation du contenu émotif des images", explique M. Johnstone.

Dans les deux groupes, les participants en santé et dépressifs, ces efforts amenaient une augmentation de l'activité du cerveau dans des zones du cortex préfrontal connues pour contribuer au contrôle des centres de l'émotion.

La grande différence entre les deux groupes est que, chez les participants en bonne santé mentale, la forte activité des centres de la réflexion était accompagnée d'une faible activité dans les centres des émotions, indiquant leur succès à contrôler leurs émotions, ce qui n'était pas le cas chez les participants dépressifs.

Par ces derniers, un niveau élevé d'activité dans les centres de l'émotion (dont l'amygdale) persistait malgré l'intense activité des centres de la réflexion.

Les chercheurs conclut que les personnes dépressives sont souvent incapables de contrôler leurs émotions négatives en faisant un effort cognitif en raison d'anomalies des circuits neuronaux des centres de l'émotion, ce qui les rend davantage susceptibles de ruminer des pensées négatives.

Il est possible, explique le chercheur, que quand ils essaient de contrôler leurs émotions, cela ne fait que rendre les images plus présentes à leur esprit ce qui ne fait qu'amplifier les émotions.

La recherche suggère, selon l'auteur senior Richard Davidson, que pour certaines personnes en dépression majeure, les psychothérapies, comme la thérapie cognitive comportementale (ou behaviorale), centrées sur le contrôle des émotions par une réinterprétation de la réalité soient contreproductives à un certain stade de la dépression. Les efforts mentaux de contrôle des émotions pourraient les amplifier en amenant à l'esprit des contenus négatifs.

Psychomédia avec sources: Journal of Neuroscience, University of Wisconsin-Madison News.
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