Dans un article publié dans le New Scientist, le journaliste Michael Bond tente de répondre à la question "Pourquoi certaines personnes ayant un quotient intellectuel (QI) très supérieur à la moyenne selon les tests d'intelligence n'apparaissent pas si intelligentes pour comprendre des situations et prendre des décisions?"

Les tests d'intelligence, rapporte-t-il, sont, selon le chercheur Keith Stanovich de l'Université de Toronto (Canada), adéquats pour mesurer certaines facultés mentales telles que la logique, le raisonnement abstrait, la capacité d'apprentissage et la quantité d'informations que peut maintenir la mémoire à court terme.
Mais ils ne mesurent pas certaines aptitudes indispensables à la pensée rationnelle utilisée tous les jours pour décider quels aliments consommer, où investir son argent, ou encore la façon de traiter avec un client difficile au travail. Ils ne mesurent pas, par exemples, la capacité d'évaluer l'information de façon critique et celle de surpasser les biais cognitifs intuitifs qui peuvent induire en erreur. "Le quotient intellectuel ne représente qu'une partie de ce que signifie être intelligent (smart)", dit Jonathan Evans de l'Université de Plymouth.

"Un quotient intellectuel (QI) élevé est comparable à la grandeur pour un joueur de basketball", dit David Perkins de l'Université Harvard (États-Unis). "C'est très important, toutes autres choses étant égales par ailleurs, mais les autres choses ne sont pas égales".

Contrairement à de nombreuses critiques des tests de QI, Stanovich et d'autres chercheurs dans le domaine de la pensée rationnelle ne cherchent pas à redéfinir l'intelligence, qu'ils sont satisfaits de caractériser comme étant les capacités mesurées par les tests de QI. Ils tentent plutôt de décrire les facultés cognitives qui vont au-delà de l'intelligence et constituent les outils essentiels de la pensée rationnelle.

Le cerveau utilise deux systèmes de pensée différents pour traiter l'information: un système intuitif et spontané et un système délibéré et raisonné.

La pensée intuitive sert par exemple dans des situations où une personne a beaucoup d'expérience. Mais elle peut induire en erreur dans certaines situations, par exemple lorsqu'une personne surévalue sa propre perspective égocentrique. La pensée délibérée, d'autre part, intervient dans la résolution de problèmes consciente et peut aider à surpasser les tendances intuitives si ces dernières semblent induire en erreur.

Une limite des tests de QI, selon Daniel Kahneman de l'Université Princeton, est que, bien qu'ils soient efficaces pour évaluer les compétences de pensée délibérative qui impliquent le raisonnement et la mémoire de travail, ils ne peuvent évaluer la propension à utiliser ces compétences lorsque la situation le demande. L'intelligence, dit-il, est une question de puissance du cerveau et la pensée rationnelle est une question de contrôle.

"Certaines personnes qui sont intellectuellement en mesure ne se donnent pas tellement la peine de s'engager dans une pensée analytique et sont portées à se fier à leurs intuitions", explique Evans. D'autres ont davantage tendance à vérifier leurs intuitions et raisonner pour s'assurer que ce qu'elles font est justifié".

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