JE L'AIMAIS

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réflexions

#35 Posté le par DCF__1705
Il m'a fallu un temps de réflexion pour répondre à ce mail. Je ne sais pas quoi dire sur le processus du deuil, quand ni où j'y verrai plus clair en effet, car je ne suis qu'au tout début de ce long chemin que je n'aime pas mais que je dois apprivoiser.
J'ai, pour ma part, fait des crises de larmes dès le début : Mais ça me faisait mal à la tête de pleurer comme cela, j'étais dans une sorte de délire qui me faisait souffrir.
A présent, je sens que la tristesse que je ressens a l'air plus "saine" : j'essaie d'exprimer ce que je sens, mes larmes ont l'air plus "pures", ma respiration se débloque un peu (quel bonheur de sentir que je respire mieux), pleurer m'apaise un peu plus qu'avant, parce qu'après il m'arrive de me sentir mieux. Peut-être aussi les antidépresseurs ne me rendent pas "naturelle" ? J'appréhende quand je vais les arrêter, qui sait ? la réalité va peut-être me sembler affreuse et intenable?
C'est vrai que j'ai du mal quand on me dit : "avec le temps" etc. Je n'aime pas cette phrase du tout. Inutile de dire aussi qu'il m'est insupportable d'entendre : "tu vas rencontrer quelqu'un etc." Alors ça, c'est cauchemardesque !Immédiatement, je peux plus respirer! Un truc comme ça et je repars en arrière immédiatement, à la case départ... à la case "rupture à cause de sa mort" Quelle horreur. Il est pour moi hors de question d'imaginer une telle chose. Je ne pourrais jamais être avecc quelqu'un tout en pleurant un autre : c'est en plus infame pour l'autre qui n'est pas à sa place entière et qui sera "obligé" de se désimpliquer et de se situer en ami. C'est exactement comme une femme qui commence une relation de couple alors qu'elle pense au précédent. Alors, il est quoi l'autre? un consolateur ? jamais de la vie. De toute façon, ça me rendrait malade. Et, parfois, surtout au début, j'en ai parlé (car j'étais complétement paumée et mon cerveau disjonctait en quelque sorte, j'envisageais toutes les possibilités) et bien, pour moi, les amis qui m'ont répondu : "si tu rencontres quelqu'un, faudra que tu lui expliques et gnagni et gnagnagna", "faut que tu fasses ta vie, il accepterais pas de te voir seule", bref, ce qui prenait la perche, au lieu de ne pas faire attention, je n'ai plus trop envie de les voir en fait... Trop superficiels... Et ce qui m'effraie encore plus, ce sont les petites blagues affreuses! Dire qu'avant, je rigolais bien avec ça! Maintenant, pour moi, c'est super sérieux et je rigole plus du tout avec l'amour! bon, j'arrête d'en parler car je risque de ne pas bien respirer. je pense au message de Elo, et à qui il m'a été impossible de répondre directement.
Ce qui est formidable c'est que le chemin où je suis, je l'ai bien identifié. Ce qui me rend très à l'aise, car je sais ce que je ne veux pas et ce que je veux : des amis, faire des choses intelligentes de ma vie, lire, peindre, rencontrer des personnes intelligentes (dans l'obscurité, il y en a toujours au moins une!). C'est vache pour les autres mais qu'importe, elles ont d'autres formes d'intelligence que moi, je n'ai pas : elles réussissent bien dans ce qu'elles entreprennent etc. Je n'ai aucun doute, Je me suis promise une seule chose : l'intelligence gagnera. Et l'intelligence, comme l'intuition nous mèneront à bon port. Car cela n'a rien à voir avec une rupture amoureuse et donc ces paroles là ne peuvent pas consoler. Il n'y aura jamais de rupture d'avec mon ami, c'est fini la rupture, terminé, je n'en veux plus, c'est has been, FI-NI.
Quand un être cher meurt, on continue d'être en relation avec lui à l'intérieur de soi même. On ne peut pas parler non plus de rupture de la relation. Celle d'avant n'existe plus. Mais quelque chose en soi continue une autre relation, pousse à parler. La croyance semble ne rien avoir à faire là dedans. C'est quelque chose de plus fort que soi, une exigence intérieure qui, pour continuer, ne se satisfait pas de cette rupture provoquée par la mort. Tiens, c'est exactement comme l'eau d'une rivière. Si on lui construit un mur, elle cherchera, fouinera partout jusqu'à trouver la toute petite faille de rien du tout qui va lui permettre de passer.
La mort d'une personne, c'est un mur construit dans notre rivière intérieure. La personne qui souffre, cherche. C'est complétement naturel de chercher, qu'elle le fasse consciemment ou non. A un moment donné, c'est évident, l'eau va s'écouler.
Ce processus que fait l'eau pour trouver la faille (quitte à creuser elle même) est assez "facile" à faire quand le mur est "naturel", que c'est la nature elle même qui l'a construit. Ainsi, quand la mort d'un proche est "naturelle" (personne très agée morte de vieillesse notamment), le cours de la vie du proche peut faire son chemin. Mais quand la mort n'est pas naturelle du tout, cela devient très délicat pour trouver le chemin. Il faut chercher avec plus d'"intuition" et se faire confiance. Les personnes qui ne se remettent pas d'un deuil du tout, c'est parce que soit elles n'arrivent pas à passer "au travers", soit parce que d'autres "bouchent" les failles de ce mur, et elles sont empêchées de trouver. C'est pourquoi le choix des proches est d'une très grande importance.
En parler ou ne pas en parler est le choix de chacun.
Ce langage imagé pour expliquer que notre façon d'agir face aux obstacles difficiles sont finalement très proches de l'eau... Sur ces grandes réflexions, je te dis à bientôt.

réponse xx

#34 Posté le par DCF__6532
Super, tu me réponds ! Moi, comme tu le voies, je suis branchée en permanence sur le forum en ce moment (rire). Moi, pareil, la cata, ces jours derniers. Moi aussi, ça m'a donné le courage de parler à mes proches, leur expliquer un peu mieux ce que j'ai vécu. Elles ont très bien réagi, elles m'ont immédiatement appelé, répondu, et cela m'a fait beaucoup pleurer (pas devant eux mais après).
Je ne sais pas où j'en serai dans un an. C'est vrai que j'y pense constamment en ce moment et que la période est particulièrement triste.
J'ai lu ton autre message. Je suis d'accord pour ta propos. Demain, environ à la même heure où tu as écrit ce dernier message, je reste branchée sur le forum, prête à capter ton message. Si tu me lis en ce moment, tu peux, aussi essayer. Amitiés