Une augmentation de la thermogénèse pourrait ralentir le développement de la maladie d'Alzheimer, suggère une étude québécoise.

Une équipe de l’Université Laval dirigée par le professeur Frédéric Calon a démontré « qu’une augmentation de la thermogénèse peut contrer l’une des principales manifestations de l’Alzheimer chez des souris exprimant cette maladie ».

Marine Tournissac, doctorante dans l’équipe du professeur Calon, a présenté ces travaux au congrès de la Society for Neuroscience, qui se déroule cette semaine à San Diego.

Ces résultats appuient la thèse de l'équipe selon laquelle le maintien d’une température corporelle optimale pourrait être bénéfique aux personnes atteintes d’Alzheimer.

Trois observations ont incité les chercheurs à explorer la piste de la thermogénèse :

  • l’incidence de l’alzheimer est faible avant 65 ans, mais elle double tous les 6 ans par la suite ;

  • le métabolisme et la température corporelle diminuent chez les personnes âgées ;

  • l’Alzheimer touche des zones du cerveau impliquées dans la thermorégulation, ce qui pourrait créer un cercle vicieux.

Les chercheurs ont utilisé une lignée de souris transgéniques qui expriment certaines manifestations de l’Alzheimer, notamment la formation de protéines humaines tau anormales dans le cerveau.

Leurs travaux antérieurs ont montré qu’en vieillissant, ces souris parviennent moins bien que les souris normales à maintenir leur température corporelle et qu'une exposition de 24 heures à une température ambiante de 4 degrés Celsius exacerbe davantage la formation de protéines tau anormales.

Pour vérifier les effets d'une stimulation de la thermorégulation, ces souris ont été placées dans un environnement à quatre degrés Celsius, quatre heures chaque jour, cinq jours par semaine, pendant un mois.

« Le but est de provoquer une acclimatation au froid en stimulant la thermogénèse de la graisse brune », explique Marine Tournissac.

« À partir de la sixième séance d’exposition au froid, les souris transgéniques parviennent à mieux maintenir leur température corporelle et elles améliorent la régulation de leur taux de glucose sanguin. Au terme de l’expérience, le niveau de protéines tau anormales n’était pas plus élevé chez ces souris que chez celles du groupe témoin, maintenues à une température constante de 22 degrés Celsius. L’amélioration de la thermogénèse les protégerait donc contre la formation de protéines tau induite par le froid. »

Évidemment, les chercheurs n’envisagent pas d’exposer au froid des personnes âgées atteintes d’alzheimer. « Ce serait trop complexe, risqué et dangereux pour ces patients. Notre idée est de recourir à des médicaments qui améliorent la thermorégulation », explique Marine Tournissac. « Il existe déjà des médicaments de ce type qui ont été testés en clinique chez des personnes souffrant de maladies métaboliques. Nous avons commencé à évaluer leur efficacité chez nos souris modèles d’alzheimer. »

Les autres coauteurs de l’étude sont Philippe Bourassa, Ruben Dario Martinez Cano, Tra My Vu, Sébastien Hébert et Emmanuel Planel.

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Psychomédia avec source : Université Laval (Le Fil).
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