L'huile de lin pendant les deux derniers trimestres de la grossesse quadruple le risque de naissance prématurée selon une récente recherche de l'Université de Montréal. Alors que le taux de prématurité est de 2% à 3% dans la population générale, il grimpe à 12% chez celles qui en consomment.

Une première partie de la recherche menée par la professeure Anick Bérard et l'Étudiante à la maîtrise Krystel Moussally, à laquelle ont participé 3354 Québécoises, a permis d'établir que près de 10 % des femmes enceintes entre 1998 et 2003 ont recouru à des produits de santé naturels (compléments alimentaires et produits de phytothérapie) pendant leur grossesse.

Avant et après la grossesse, elles étaient respectivement 15 % et 14 % à utiliser de tels produits, ce qui indique que le tiers d’entre elles choisissent de suspendre cette consommation durant la grossesse.

Parmi une liste de 40 produits de santé naturels, les plus consommés par les femmes enceintes étaient la camomille (19%), le thé vert (17%), la menthe poivrée (12%) et le lin (12%).

Une deuxième étape de la recherche visait à vérifier si ces 4 produits pouvaient avoir un effet négatif sur la grossesse. Deux d’entre eux suscitaient des craintes: la camomille est un diurétique et aurait une influence sur le cycle menstruel; le lin est pour sa part riche en oméga-3 mais a aussi une action laxative. Par ailleurs, comme 69 % des utilisatrices de produits naturels les consomment en concomitance avec un médicament prescrit, des interactions sont toujours possibles.

Les chercheuses ont repéré 742 cas d’accouchement avant la 37e semaine de gestation qui est le seuil de la prématurité: 11% de ces femmes avaient consommé l’un ou l’autre des 40 produits naturels de la liste. Seul le lin s’est avéré avoir un lien significatif avec les accouchements avant terme.

Cette corrélation n’est apparue que pour la consommation de lin sous forme d’huile et non sous forme de graines.

Selon Mme Bérard, l’augmentation du risque pourrait être du au fait que le lin est une source importante de phytoestrogènes qui miment l’action de l’œstrogène. Ces molécules peuvent conduire à une diminution de l’apport nutritif, ce qui peut causer la prématurité, ou amener une augmentation du niveau de prostaglandines, qui provoquent les contractions de l’utérus.

Même si d’autres études doivent être entreprises afin de confirmer ces résultats, elle recommande la prudence à l’égard du lin.

Si ce sont les oméga-3 qui sont recherchés, elle recommande de remplacer l’huile par la graine de lin, qui en contient beaucoup plus et qui n’a pas été associée à un risque de prématurité.

PsychoMédia avec source:
Université de Montréal