Chez plus de 30% des femmes souffrant du syndrome prémenstruel (SPM), l'adoption de certaines mesures comme les suivantes est suffisante pour réduire les symptômes de façon satisfaisante et un traitement médical ne s'avère pas nécessaire:
- Bien se nourrir: Des repas et collations riches en hydrate de carbone peuvent réduire temporairement les sentiments dépressifs ou de colère, la tension, l'activation et la fatigue, possiblement en augmentant la synthèse de la sérotonine (voir plus loin). Afin de ne pas amplifier les symptômes physiques telles la rétention d'eau et la prise de poids, il est aussi recommandé d'éviter les aliments riches en gras, très salés et sucrés. Il peut être bénéfique d'éviter la caféine (café, chocolat, thé, cola) qui peut empirer l'irritabilité, la tension et l'insomnie. L'alcool et les drogues peuvent empirer les symptômes émotionnels (alors qu'ils sont souvent consommés dans le but d'atténuer ces symptômes). -Réduire le stress durant cette période car il exacerbe certains symptômes, par exemples, éliminer dans la mesure du possible certains facteurs de stress, se réserver du temps de détente et d'activités agréables, apprendre une technique de relaxation.
- Voir à ne pas manquer de sommeil durant cette période. Si vous avez des difficultés à ce niveau, il est recommandé de prendre l'habitude de se coucher et se lever à des heures régulières pour favoriser la régulation de l'horloge biologique. Nous traiterons prochainement plus en détail des problèmes de sommeil.
- Faire régulièrement de l'exercice physique aide à réduire les symptômes physiques.
- Apprendre des stratégies pour contrôler les émotions. Se sensibiliser à l'interaction cognitions-émotions pour diminuer l'ampleur des émotions désagréables (cette question est abordée dans notre dossier sur la dépression: section "Processus cognitifs").
Mentionnons que l'application de ces mesures implique certains apprentissages (par exemple la gestion du stress et des émotions). Des lectures ou la consultation d'un(e) professionnel(le) peuvent parfois s'avérer utiles.
Traitement médical:
Lorsque le syndrome n'est pas atténué par les mesures précédentes, des traitements médicaux sont possibles. Nous ne mentionnons ici que ceux qui ont un impact sur les symptômes émotionnels.
- Le traitement par médication psychotrope: Des études récentes démontrent que le syndrome prémenstruel s'accompagne d'une baisse du niveau de la sérotonine, un neurotransmetteur jouant un rôle important dans le contrôle des émotions. Cette baisse entraînerait des symptômes dépressifs et anxieux. (une baisse de sérotonine est aussi impliquée dans la dépression, voir notre dossier). Les antidépresseurs augmentent le niveau de sérotonine et soulagent la majorité de ces symptômes. Des recherches, qui sont à poursuivre, indiqueraient que d'autres neurotransmetteurs pourraient aussi être impliqués dans le syndrome. Précisons que le traitement par antidépresseur vise à soulager les symptômes, ce qui est très appréciable lorsque ces derniers sont sévères, et non pas à régler la ou les causes (de la baisse de sérotonine par exemple). Il est alors fort possible que ces symptômes reviennent lorsque le traitement cesse. Il arrive, selon les médecins que nous avons consultés, que lorsque l'antidépresseur est pris pendant une certaine période, un an par exemple, les symptômes ne se présentent pas aussi fortement lorsque le traitement cesse. Divers facteurs peuvent interagir dans ce sens, par exemple, la personne a résolu certains stress entre-temps, etc. Par ailleurs, il est important de mentionner que les antidépresseurs sont reconnus comme n'amenant pratiquement pas de dépendance. Des anxiolytiques sont aussi parfois prescrits et s'avèrent efficaces à soulager les symptômes psychologiques. Les anxiolytiques peuvent cependant amener une dépendance physiologique (le Buspar est une exception).
- Suppression de l'ovulation: Lorsque les traitements visant les symptômes (changements des habitudes, antidépresseurs, anxiolytiques et autres médications pour les symptômes physiques) n'amènent pas d'amélioration, il existe des médications qui suppriment l'ovulation et qui s'avèrent efficaces pour réduire ou éliminer les symptômes psychologiques et physiques.
- Chirurgie: Enfin, en dernier recours, dans le cas d'un syndrome prémenstruel très sévère qui n'est pas soulagé par les autres méthodes, l'hystérectomie avec l'ablation des ovaires peut être efficace (cette efficacité peut être vérifiée médicalement auparavant).
Référence:
Smith and I. Schiff, Practical Approach to Evaluation and Management of Premenstrual Syndrome in S. Smith and I. Schiff, Modern Management of Premenstrual Syndrome, Norton medical Books, 1993.