Des chercheurs ont publié, dans la revue Frontiers in Psychology, une « liste provisoire » de 50 termes communément dans les articles de recherche et les manuels pédagogiques en psychologie, en psychiatrie et dans des domaines connexes et qui sont « à éviter ou à utiliser avec parcimonie et avec des mises en garde explicites ».

Scott O. Lilienfeld de l'Université Emory et ses collègues (1) ont organisé ces termes en cinq catégories : les termes inexacts ou trompeurs, les termes fréquemment mal utilisés, les termes ambigus, les oxymores, et les pléonasmes.

Cette recension ne concerne pas les termes souvent confondus (tels qu’asocial et antisocial), car ils feront l'objet d'une prochaine publication. Se limitant à la littérature académique, elle ne concerne pas également les « termes problématiques » dans la psychologie populaire (tels que codépendance, dysfonctionnel, toxique, enfant intérieur…, mentionnent les auteurs).

Une partie de ces termes est d'intérêt général (notamment pour les journalistes) alors qu'une partie, très spécialisée, intéressera plutôt les professionnels du domaine.

Pour chaque terme, les auteurs précisent pourquoi il est problématique et recommandent des termes préférables. Nous mentionnons quelques-unes de ces précisions. Pour plus d'informations, nous vous invitons à consulter l'article original (en anglais).

Les termes inexacts ou trompeurs
  1. Un gène pour

  2. Médicament antidépresseur

    Les médicaments dits antidépresseurs sont ainsi nommés pour des raisons historiques, indiquent les auteurs, parce qu'ils ont d'abord été utilisés pour le traitement de la dépression. Il y a peu de preuves, disent-ils, qu'ils soient plus efficaces pour traiter les troubles de l'humeur que plusieurs autres conditions telles que les troubles anxieux. Par ailleurs, des études ont montré « qu'ils sont beaucoup moins efficaces » pour le traitement de la dépression que ce qui « est couramment revendiqué ». (Voyez : Les antidépresseurs ne sont efficaces que pour les dépressions sévères.)

  3. Épidémie d'autisme

    Selon les auteurs, l'augmentation des cas d'autisme serait, en grande partie, due à l'augmentation des diagnostics plutôt qu'à une réelle augmentation de la prévalence du trouble. (Notons que la question fait débat.)

  4. Région cérébrale qui s'allume

  5. Lavage de cerveau

  6. Apathie du spectateur (ou du passant)

  7. Déséquilibre chimique

    La notion que la dépression majeure et les troubles apparentés sont causés par un « déséquilibre chimique » des neurotransmetteurs, comme la sérotonine et la noradrénaline, est devenue un truisme aux yeux du public. Mais les éléments de preuve pour le modèle du déséquilibre chimique sont, au mieux, très minces, font valoir les auteurs. (Voyez : Remise en question de la théorie de la sérotonine sous-jacente aux antidépresseurs.)

  8. Études génétiques familiales

  9. Déterminé génétiquement

  10. Point de Dieu (« God spot »)

    Une région cérébrale serait le siège de l'idéation religieuse ou de l'expérience mystique. Il s'agit d'un abus de langage, car comme pour toute activité mentale complexe, plusieurs régions cérébrales sont impliquées.

  11. « Gold standard » (test de référence prétendu très valide)

    Dans les domaines de l'évaluation psychologique et psychiatrique, il n'y a que quelques rares tests, « s'il en existe », qui peuvent être considérés comme un « Gold standard ». « Essentiellement toutes les mesures, y compris celles ayant des niveaux élevés de validité, sont nécessairement des indicateurs faillibles de leurs construits respectifs. »

  12. « Hard-wired » (inné, déterminé par les gènes)

  13. Transe hypnotique

    Les éléments de preuve que l'hypnose serait un état distinct de « transe » qualitativement différent de la conscience ordinaire sont maigres.

  14. Influence sur X.

    Influence d'une variable (genre, classe sociale, éducation, origine ethnique, dépression, extraversion, intelligence…) sur une autre (santé, bien-être…)

    Les termes influence, effet, etc. désignent par nature une relation causale. Ils sont très fréquemment utilisés à tort dans les cas où de simples corrélations ou liens sont constatés. Lorsque ces termes sont utilisés dans le cas d'études corrélationnelles (ou observationnelles), il faudrait préciser qu'il s'agit d'une influence hypothétique.

  15. Test détecteur de mensonge

    Le polygraphe n'est pas un détecteur de mensonge mais d'activation physiologique. Les faux positifs sont très fréquents.

  16. Molécules de l'amour, du plaisir

    L'hormone oxytocine est souvent surnommée « molécule de l'amour ou de la confiance ». Les études récentes ont montré qu'elle serait plutôt liée à une plus grande sensibilité à l'information sociale, positive ou négative. Elle peut dans certains contextes favoriser l'agressivité. Des confusions semblables existent pour d'autres messagers neuronaux tels que la dopamine dont la fonction serait mal représentée par l'appellation « molécule du plaisir »

  17. Trouble de personnalité multiple

    Bien que le terme ait été retiré du DSM depuis 1994 et remplacé par le trouble dissociatif de l'identité, il persiste dans la littérature académique. Ce trouble n'est pas caractérisé par des personnalités pleinement développées et les différents états de personnalité ne sont pas isolés par une barrière amnésique impénétrable.

  18. Signature neurale

  19. Aucune différence entre groupes (statistiques)

  20. Test de personnalité objectif

    Plusieurs auteurs réfèrent aux tests de personnalité qui emploient un format standard de réponses aux items (vrai ou faux, échelle de 1 à x) comme des « tests objectifs » afin de contraster avec des mesures plus « subjectives » telles que les interviews non structurés ou les techniques projectives (par ex. le test des taches de Rorschach).

    Mais ces tests requièrent souvent un jugement subjectif de la part des répondants et leur interprétation de la part des chercheurs est aussi souvent subjective. Les auteurs recommandent donc que ces mesures soient appelées « tests structurés » plutôt que tests objectifs.

  21. Définition opérationnelle

  22. p = 0.000 (expression utilisée en statistique)

  23. Groupe psychiatrique de contrôle

  24. Fiable et valide (au sujet de tests psychologiques)

    Les chercheurs devraient éviter d'utiliser le terme « valide » par rapport à des mesures psychologiques, estiment les auteurs. Au mieux, ces mesures sont « soutenues empiriquement ». La même réserve s'applique aux traitements psychologiques.

  25. Statistiquement fiable

    L'expression « statistiquement fiable » ne devrait pas être confondue avec l'expression « statistiquement significatif ». Les études en psychologie manquent souvent de puissance statistique pour que les résultats soient considérés comme statistiquement fiables (reproductibles).

  26. Courbe d'apprentissage abrupte

  27. La méthode scientifique

  28. Sérum de vérité

  29. Dysfonction biologique sous-jacente

Termes fréquemment mal utilisés
  1. « Acting out »

  2. Fermeture (« Closure »)

  3. Déni

  4. Fétiche

  5. « Splitting »

    Terme utilisé dans le contexte du trouble de personnalité limite.

Termes ambigus
  1. Comorbidité

  2. Interaction

  3. Modèle médical

  4. Réductionnisme

Oxymores

Un oxymore est une expression composée de deux termes contradictoires.

  1. Régression multiple hiérarchique (statistiques)

  2. Thérapies esprit-corps

  3. Symptôme observable

  4. Type de personnalité

  5. Prévalence d'un trait X

  6. Analyse factorielle en composantes principales

  7. Preuve scientifique

Pléonasmes

Un pléonasme est une expression composée de termes redondants.

  1. Influences biologiques et environnementales

  2. Données empiriques

  3. Construit (concept) latent

  4. Télépathie mentale

  5. Neurocognition

(1) Katheryn C. Sauvigné, Steven Jay Lynn, Robin L. Cautin, Robert D. Latzman et Irwin D. Waldman.

Psychomédia avec source : Frontiers in Psychology.
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