La rechute chez les personnes atteintes de troubles bipolaires peut être prédite par leur tendance à avoir des croyances pessimistes, selon une étude publiée en novembre 2020 dans la revue scientifique eLife.

Le trouble bipolaire est caractérisé par des périodes successives d'exaltation (manie) et de dépression, entrecoupées de phases asymptomatiques (euthymie).

Les personnes qui ont des périodes d'euthymie asymptomatique plus courtes sont plus susceptibles de connaître une invalidité, le chômage et l'hospitalisation.

La prévision des rechutes à l'aide des outils de diagnostic clinique existants ou des informations démographiques s'est révélée largement inefficace, rapportent les auteurs.

« On sait déjà que les personnes souffrant de dépression ont tendance à donner plus de poids aux informations négatives qu'aux informations positives, ce qui conduit à des opinions pessimistes qui peuvent aggraver les symptômes », explique Paolo Ossola, professeur aux universités de Parme (Italie) et Oxford (Royaume-Uni).

Ossola et ses collègues ont mené cette étude avec 36 personnes, atteintes de troubles bipolaires, qui ont été suivies aux deux mois pendant cinq ans.

Elles ont participé à une expérience dans laquelle on leur demandait d'estimer les probabilités que 40 événements indésirables de la vie, tels que le vol ou la fraude à la carte de crédit, leur arrivent.

Elles recevaient ensuite des informations sur les probabilités réelles que ces événements se produisent. Dans certains cas, elles recevaient de mauvaises nouvelles (par ex., une probabilité plus élevée de vol qu'elles ne le pensaient) et dans d'autres cas, de bonnes nouvelles (par ex., elles étaient moins susceptibles d'être victimes de fraude qu'elles ne le pensaient). Lors d'une séance ultérieure, on leur a demandé à nouveau d'estimer leurs propres probabilités d'être confrontées à ces événements. La différence entre le degré de mise à jour de leurs convictions en réponse à une bonne ou une mauvaise nouvelle a ensuite été mise en relation avec la rapidité avec laquelle elles ont fait une rechute.

Les personnes dont les convictions avaient davantage changé en réponse à des informations positives et qui étaient plus susceptibles d'adopter un point de vue optimiste bénéficiaient d'un délai plus long avant la prochaine apparition des symptômes. Mais ce test ne permettait pas de prédire si le prochain épisode serait plus probablement une manie ou une dépression.

Lorsque ces résultats étaient comparés à d'autres caractéristiques cliniques, telles que l'âge, les antécédents de symptômes psychotiques et la durée de la maladie, seul le biais de mise à jour des croyances était fortement lié à une plus longue période de phase euthymique.

« Nos résultats montrent que la mesure dans laquelle les patients bipolaires actualisaient leurs croyances en réponse à des informations positives, par rapport à des informations négatives, était prédictive du moment où ils rechuteraient », conclut l'auteur principal Tali Sharot, professeur de neurosciences cognitives au département de psychologie expérimentale de l'University College London, au Royaume-Uni.

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Psychomédia avec sources : eLife, eLife.
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