Les bailleurs de fonds et la Banque mondiale gaspillent de l'argent et mettent en danger des vies en continuant d'appuyer des programmes de soins de santé privés discrédités et qui n'ont pas fait leurs preuves dans les pays pauvres, dénonce Oxfam dans un rapport intitulé "Optimisme aveugle: Casser le mythe sur les soins de santé privés dans les pays pauvres".

Ce rapport, a indiqué l'ONG internationale en conférence de presse jeudi à Washington, apporte des preuves accablantes sur les contre-performances des initiatives de soins de santé privés dans le monde.

"En Chine, par exemple, un tiers des médicaments distribués par des vendeurs privés sont contrefaits, tandis que dans 7 pays d'Afrique sub-saharienne l'OMS a établi que la plupart des médicaments contre le paludisme dans les structures de Santé privées n'ont pas passé avec succès les tests de qualité".

La Banque mondiale a usé de "son influence politique inégalée à travers le monde" pour promouvoir une santé privatisée malgré le manque de recul sur ses résultats, affirme Oxfam.

Ce rapport survient alors que la Banque Mondiale pour le secteur privé, la Société financière internationale, a récemment annoncé qu'elle va mobiliser 1 milliard de dollars pour financer la croissance du rôle du secteur privé dans la prise en charge médicale en Afrique.

Plusieurs autres bailleurs de fonds et organisations influentes ont également encouragé et financé une plus grande expansion des projets de santé initiés par le secteur privé. "L'Agence américaine pour le développement international (USAID), le Département pour le développement international du Royaume-Uni (DFID) et la Banque asiatique de développement ont investi des millions de dollars dans des programmes à grande échelle donnés en sous-traitance au secteur privé".

Dans le même temps, l'aide aux services de santé primaires dans les pays pauvres a diminué de moitié cette dernière décennie. Cette réduction de l'aide aux services de santé publics condamnent des centaines de millions de personnes à une mort prématurée ou à des souffrances inutiles, averti Oxfam.

"Après des années de désinvestissement des bailleurs de fonds dans les programmes de Santé gouvernementaux, dénoncer l'incompétence des gouvernements équivaut à attacher les lacets d'un joueur de football puis lui reprocher d'avoir perdu le match", a déclaré Mme Marriot.

Les travaux d'Oxfam ont démontré que renforcer la prise en charge des soins de santé par les gouvernements est essentiel pour améliorer les chances de survie dans les pays pauvres.

"Oxfam France – Agir ici" rappelle que le gouvernement français n’a toujours pas validé sa nouvelle stratégie de coopération en matière de santé 2007–2012. Actuellement il se contente de souscrire à la stratégie que promeut la Banque mondiale. Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, doit rompre avec cette position et appuyer une politique de coopération qui fait du renforcement des systèmes de santé publics et de la formation des personnels de santé la première des priorités, considère l'ONG.

Psychomédia avec sources: Afrique en ligne, Oxfam International.
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