Dans un article recueillant les propos de plusieurs experts français, le Figaro dresse un bref tableau des connaissances actuelles sur le psoriasis. En voici les principaux points.

Des études récentes ont montré qu'on pouvait par une analyse statistique des symptômes et de l'évolution de la maladie séparer les personnes atteintes de psoriasis en 6 groupes homogènes.

Ces résultats sont à confirmer et des études additionnelles doivent vérifier "s'il n'y a pas 6 maladies distinctes avec des sensibilités différentes aux traitements", selon le Pr Louis Dubertret (CHU Saint-Louis, Paris).

« La peau est un organe frontière en permanence agressée, qui répond par la mise en route d'un système de réparation de l'épiderme constitué de nombreux gènes. Chez les psoriasiques, cette réponse est exagérée parce que certains de ces gènes sont hyperréactifs, explique le dermatologue. L'épiderme se renouvelle trop vite. Les cellules qui le constituent, les kératinocytes, prolifèrent et ne peuvent plus se différencier complètement en couche cornée. La peau se met à peler, la barrière cutanée s'effondre, une réaction inflammatoire se développe et des globules blancs du système immunitaire, lymphocytes T et polynucléaires, s'infiltrent et attaquent la peau. Un cercle vicieux s'installe : la maladie s'autoentretient et devient chronique. »

Le psoriasis en plaques est de loin le plus fréquent. Mais la maladie peut aussi se présenter en nappes, en pustules ou en gouttes, se limiter aux ongles, aux paumes et à la plante des pieds, au cuir chevelu, couvrir largement le corps ou ne s'exprimer que par une petite lésion.

Le psoriasis est une pathologie où le système immunitaire est fortement impliqué. « Même la peau saine des malades présente un état préinflammatoire. Dans les psoriasis étendus, l'inflammation est générale et l'examen sanguin montre que tout le système immunitaire est un peu emballé. La maladie ne se réduit donc pas à la peau », souligne le Pr Hervé Bachelez (hôpital Saint-Louis, Paris).

Les psoriasis sévères sont souvent associés à l'obésité, à l'hypertension, au diabète de type II, peut-être aux maladies cardio-vasculaires. La maladie de Crohn, inflammation chronique digestive, est aussi plus fréquente. « Et 30 % des malades ont également un rhumatisme psoriasique qui touche les extrémités ou les articulations centrales. Toutes ces associations conduisent certains à évoquer un trouble plus global », précise le Pr Jean-Paul Ortonne (CHU de Nice).

Les traitements actuels ne permettent pas de soigner la maladie mais de la freiner. Dans les formes mineures à modérées, des crèmes dermocorticoïdes réduisent l'inflammation. D'autres, dérivées de la vitamine D ou de la vitamine A (rétinoïdes), régulent la prolifération et la différenciation cellulaire.

« Dans les psoriasis sévères, les UVA de la puvathérapie ont un peu fait place aux UVB sélectifs qui réduisent l'agressivité des lymphocytes T, et devraient peut-être intervenir plus tôt, avec les limites liées au risque de cancer cutané », précise le Pr Ortonne.

Ces formes sévères relèvent d'un traitement oral par rétinoïdes, voire par le méthotrexate ou la ciclosporine, deux immunosuppresseurs. Et au besoin des nouvelles thérapies biologiques développées depuis peu.

Psychomédia avec source : Le Figaro
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