En utilisant une thérapie génique, des chercheurs américains ont réussi à protéger des souris du virus du sida (VIH) au moyen d'anticorps. Ils estiment que cette approche pourrait être transposée chez l'humain.

L'approche vaccinale classique, qui consiste à utiliser un virus inactivé pour induire l'immunité, n'a pas connu de succès jusqu'à maintenant contre le virus du sida car celui-ci réussit à dissimuler la plupart des structures externes facilement reconnaissables qui pourraient être visées par les anticorps.

David Baltimore (prix Nobel) du California Institute of Technology et ses collègues ont utilisé un adénovirus génétiquement modifié pour infecter des cellules musculaires et ainsi acheminer l'ADN codant pour des anticorps qui avaient été isolés dans le sang de personnes infectées par le VIH. L'ADN est ainsi incorporé dans le génome des cellules musculaires et programme la fabrication de l'anticorps par ces cellules. L'anticorps est ensuite sécrété dans la circulation sanguine.

Les chercheurs ont testé 5 différents anticorps. Deux (b12 et VRC01) se sont avérés complètement protecteurs même quand les souris recevaient des doses de VIH 100 fois supérieures à une infection naturelle. Après 52 semaines, les niveaux d'anticorps demeuraient élevés, suggérant qu'une seule dose amenait une protection à long terme.

Ces résultats ouvrent la voie à des essais chez l'humain, estime Baltimore. Ce qu'il planifie pour les prochaines années.

Des experts mettent toutefois en garde contre les problèmes potentiels liés à la thérapie génique. Parce que l'ADN d'anticorps est inséré en permanence dans le génome, il n'y a aucun moyen de le désactiver si une personne a une réaction immunitaire contre les anticorps. Mais il ne sera pas connu si de tels effets secondaires existent tant que la méthode ne sera pas testée chez des gens.

Malgré ces risques, certains considèrent que l'approche mérite d'être développée tant que les tentatives de mise au point d'un vaccin ne connaîtront pas plus de succès... L'approche est d'autant plus discutable qu'il s'agit non pas de guérir mais de prévenir...

Illustration : Virus du sida (VIH)

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