Le virus Zika est bel et bien responsable du syndrome de Guillain-Barré, confirme une étude française, publiée dans The Lancet, qui a porté sur l'épidémie du virus qui a sévi en Polynésie française en 2013-2014.

Le syndrome de Guillain-Barré (SGB), une affection neurologique de nature auto-immune dans laquelle le système immunitaire attaque les nerfs périphériques, entraîne une faiblesse musculaire qui peut aller jusqu'à la paralysie et le besoin d'une assistance pour la respiration. Alors que la plupart des malades récupèrent complètement le mouvement, la maladie peut être fatale dans de rares cas.

L'étude, menée par Arnaud Fontanet et plus d'une vingtaine de collègues de l’Institut Pasteur, de l’Institut Louis-Malardé de Papeete et de l’université de Glasgow, a concerné 42 personnes ayant présenté le syndrome.

Les deux tiers de la population de Polynésie française, soit environ 180 000 personnes, ont été infectés par le virus. Les 42 diagnostics de SGB représentent une incidence de 2,4 pour 10 000 cas d’infection, soit une incidence 20 fois plus élevée que dans la population générale en temps normal.

Parmi ces 42 personnes, le taux d’admission en réanimation a été de 38 %, un chiffre un peu plus élevé que les 30 % généralement observés en métropole dans le cas de ce syndorme ; 29 % ont eu besoin d'assistance respiratoire. La moitié de ces personnes admises en réanimation y est restée plus de 35 jours. Il n'y a eu aucun décès lié au syndrome.

L’apparition du syndrome était, en règle générale, plus rapide que ce qui est habituellement constaté : moins de 4 jours pour la moitié des malades contre 1 à 2 semaines dans l’Hexagone. Le rétablissement était aussi plus prompt. Trois mois après la phase critique, 57 % des personnes atteintes pouvaient marcher.

La totalité des patients ayant eu un SGB était porteur d’anticorps contre le virus Zika (contre 54 % chez les personnes ayant consulté pour un autre motif qu’une fièvre). De plus, ils présentaient des anticorps de type IgM témoignant d’une infection récente par le virus.

La concomitance d’une épidémie de dengue a amené les chercheurs à envisager une éventuelle responsabilité de cette autre infection virale dans le nombre anormalement élevé de SGB. En comparant les anticorps indiquant des infections passées et récentes dans différents groupes, cette possibilité a été exclue.

Même si la condition est rare, avec 2,4 cas sur 10 000 personnes infectées, si les deux tiers d'une population sont infectés, comme en Polynésie française, un nombre important de personnes peut être affecté par le syndrome.

(1) Le système nerveux périphérique inclut le système nerveux somatique (transmission sensorielle et motricité) et le système nerveux autonome (fonctions automatiques de l'organisme assumées par les systèmes nerveux sympathique et parasympathique).

Psychomédia avec sources : New York Times, The Lancet, Le Monde.
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