"Razvan s'est suicidé parce que sa mère, partie travailler en Italie depuis un mois, lui manquait. Il avait laissé entendre à certains de ses condisciples qu'il était prêt à tout pour rendre son retour inéluctable. Le projet d'Elena Suculiuc, à l'instar de nombreux Roumains qui vont travailler dans les pays de l'Union européenne, était de gagner un peu d'argent pour offrir un ordinateur à son fils et lui donner une chance d'avoir un meilleur avenir que le sien. Le père, Catalin Suculiuc, avait perdu son travail depuis la restructuration du système d'enseignement.
(...) Le suicide du petit garçon a bouleversé la Roumanie et provoqué un débat sur le destin de ces enfants quittés par des parents partis travailler à l'étranger. "Le cas du petit Razvan n'est pas une exception, mais concerne des milliers d'enfants, que leurs parents, poussés par le mirage de l'argent, ont quittés, note l'éditorial du quotidien Evenimentul Zilei ("Evénement du jour"). Avant une paire de blue-jean, Razvan avait besoin d'une mère."

Rien qu'à Iasi, chef-lieu de la Moldavie, la région orientale de la Roumanie réputée pour sa pauvreté, quelque 10 000 enfants vivent ce drame, selon l'inspection de l'enseignement local. Environ deux millions et demi de Roumains sont allés travailler dans l'espace Schengen de l'Union européenne, où ils circulent sans visa depuis 2002. Officiellement, l'Italie accueille 300 000 Roumains migrants, mais leur nombre réel est estimé à un million.

(...) Pourtant, le départ pour l'eldorado de l'Ouest est parfois vécu comme un drame par les enfants qui restent à la maison et sont généralement confiés à leurs grands-parents. "Ces enfants manifestent un grand besoin d'affection, présentent des troubles du sommeil et développent un comportement agressif, affirme Camelia Gavrila, directrice de l'inspection de l'enseignement local. Nous devons informer sans arrêt les parents sur les risques auxquels ils exposent leurs enfants."

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