Réponse à: GLOP (comment venir en aide à une personne dépressive?)

Surnom: GLOP
Pays: France
Âge: 27
Sexe: masculin

Bonjour,

Voilà en gros la situation : Une amie très chère est actuellement en pleine dépression (tous les symptômes sont là, à part les "pensées de mort", et j'espère qu'elle n'en arrivera pas là). Elle est de nature pessimiste, et comme elle n'a pas énormément confiance en elle, elle attend beaucoup de la reconnaissance des autres.

Au mois de juin, elle a démissioné de son travail (en partie sur mon conseil), l'ambiance étant vraiment trop mauvaise. Je lui avait conseillé de partir, voyant qu'elle déprimait (suite à sa démission, 5 autres personnes ont démissioné du même service, c'est donc vous dire à quel point il devait être agréable d'y travailler).

Elle a retravaillé en juillet, puis en septembre et octobre (par intérim). Depuis le mois de septembre, elle se plaignait de douleurs au ventre et au dos, mais refusait toujours un arrêt de travail "parce que sa société comptait sur elle et qu'elle ne pouvait pas les laisser tomber".

Début novembre, elle a du être hospitalisée d'urgence : Le chirurgien a retiré quatre calculs, dont un de 2,5 cm, et a procédé à l'ablation de la vésicule biliaire. Elle est passée à deux doigts de la septicémie (orthographe incertaine). L'opération étant quand même relativement lourde, bien qu'elle le nie, sa convalescence s'est un peu "prolongée" (le médecin lui demandait de s'arrêter au moins un mois, elle n'a pris que trois semaines), ce qui n'a pas arrangé son moral. Pour tout arranger, des problèmes financiers se greffent au reste, puisqu'elle peut difficilement travailler efficacement dans ces conditions.

Elle a recommencé à travailler en janvier, mais à un poste inférieur à celui qu'elle avait avant. Le travail ne lui plait pas, elle trouve qu'elle ne parvient pas à s'organiser et à faire du travail correct.

Finalement, à force de conseils de plusieurs amis, dont moi, elle est allée chez un médecin qui a diagnostiqué une dépression. Elle prend depuis un peu moins d'une semaine du Lithium (je ne me rappelle pas du nom du médicament, ce sont des ampoules) et de l'homéopathie.

La situation "commence" à mon avis à devenir délicate. J'essaie d'être très présent (peut-être trop en fait). Je lui téléphone souvent et longtemps, j'essaie de passer la voir (un autre problème est que je n'habite pas à proximité), j'essaie de la faire bouger, de la motiver, et c'est très difficile. C'est difficile également parce qu'elle se considère incapable de travailler correctement, qu'elle trouve anormal d'être dans cet état là à son âge (25 ans), qu'elle a peur que ses parents ne comprennent pas son "échec"... C'est difficile aussi parce que j'ai une bonne situation (je suis ingénieur informaticien), je gagne bien ma vie (elle culpabilise parce que suite à des problèmes financiers en décembre, je lui ai prêté de l'argent, ce qui complique encore un peu les choses...)... Dans son état actuel, elle se considère inférieure à moi, et à la plupart des gens... mais je pense que son impression vis à vis de moi est encore renforcée parce que j'essaie de l'aider.

Apparemment, mon avis compte beaucoup pour elle, mais je ne sais plus trop quoi lui conseiller... Personnellement, je pense qu'il faudrait qu'elle quitte son travail, qui de toute façon ne lui plaît pas et ne l'aide pas, et qu'elle soit en arrêt maladie pendant deux mois peut-être pour soigner sérieusement cette dépression. Mais sa situation financière ne lui permet guère de le faire, et elle le sait... et elle refusera que je l'aide de nouveau financièrement (elle s'angoisse plus de ne pas savoir comment me rembourser que des problèmes qu'elle pourrait avoir avec sa banque. Elle s'inquiète plus des problèmes (vrais ou faux) qu'elle pourrait causer aux autres que des siens propres...

Voila donc la situation...

J'ai de plus en plus de mal à savoir comment il faut que je réagisse, ce qu'il faut que je fasses. Je surveille ce que je dis, réfléchissant à chaque fois pour savoir si ça peut être bénéfique ou au contraire faire empirer les choses...

Ce qu'il y a de plus pénible dans cette situation, c'est l'impression d'impuissance que l'on a. Quoi que je fasse, j'ai l'impression que c'est

insuffisant. Il faut recommencer le lendemain...

Je pense être capable à plus ou moins long terme de m'adapter à presque n'importe quelle situation, mais je n'ai jamais rien affronté de tel, et je m'adresse donc à des professionnels "habitués" à ce genre de situation. Je viens à la "pêche" aux conseils, ce que je peux faire dans ce type de situation, s'il y a des choses qu'il faut que j'évite à tout prix...

Amicalement.

Je peux lire dans votre lettre le désir de faire le bien et d'éviter de nuire auprès de cette amie. Son mieux-être semble vous tenir énormément à c ur et vos efforts pour elle parlent de votre grand c ur et de votre générosité.

Cependant, j'ai l'impression que vous aidez trop . et mal.

Exemples : vous lui conseillez de démissionner de son travail, vous lui conseillez d'aller voir son médecin, vous lui téléphonez souvent et longtemps, vous allez la voir, vous lui prêtez de l'argent . et bien qu'ayant fait tant de choses, vous vous sentez encore impuissant. C'est tout dire.

Voulez-vous l'aider efficacement et cesser de vous sentir impuissant en même temps ? Arrêtez tout ! Arrêter de faire et de donner. Et commencez à «être avec».

«Etre avec», c'est accompagner en silence. C'est manifester une qualité de présence qui à la fois rayonne et soutient. C'est un partage, ses oreilles n'entendront rien . mais son c ur sera comblé. Vous me suivez ?

Au lieu de lui téléphoner souvent et longtemps, appelez rarement et brièvement. Dites : «Je pense à toi et je t'envoie de bonnes pensées». Vos prêts d'argent effacent peut-être ses dettes, mais votre qualité de présence effaceront ses soucis.

Venir en aide à une amie dépressive requiert une attitude adéquate bien plus que des actions adéquates. Oubliez le verbe «faire» et l'expression «donner des conseils» et tachez de les remplacer par « sentir» et «écouter».

Glop, à vous et à votre très chère amie, je vous souhaite le meilleur.

Georges-Henri Arenstein, Psychologue