La privation de sommeil est une méthode dont les résultats semblent prometteurs chez certaines personnes souffrant d'insomnie chronique, selon une étude québécoise publiée en avril 2025 dans le Journal of Sleep Research. (Critères diagnostiques de l'insomnie chronique)
Actuellement, rapporte le communiqué des chercheurs, le meilleur traitement non pharmacologique est la thérapie cognitivo-comportementale pour le traitement de l'insomnie (TCCI).
Il s'agit d'une approche qui vise à changer les schémas de pensée et les comportements qui nuisent au sommeil. (Les méthodes proposées par la thérapie cognitivo-comportementale pour l'insomnie)
« C'est ce qui devrait être prescrit comme première intervention. Environ 70 % à 80 % des personnes qui suivent cette thérapie connaissent une amélioration significative de la qualité de leur sommeil et de leur fonctionnement pendant la journée
», indique Jacques Le Bouthillier, doctorant à l'École de psychologie de l'Université Laval (Québec, Canada) premier auteur de l'étude.
Dans l'espoir de trouver une solution pour les personnes qui ne répondent pas à la TCC pour l'insomnie, il a, avec les chercheurs Hans Ivers et Charles Morin, mené une étude exploratoire visant à tester l'efficacité de deux interventions reposant sur la privation de sommeil.
Ils ont invité à leur laboratoire 34 personnes qui éprouvaient, depuis près de 10 ans en moyenne, des problèmes d'endormissement. Elles ont été assignées aléatoirement à l'une des interventions suivantes :
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la privation continue de sommeil consistant en une période d'éveil continu d'environ 38 heures.
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la privation de sommeil avec endormissements répétés, appelée réentraînement intensif au sommeil, qui est de même durée mais au cours des 21 dernières heures, à raison de 2 fois par heure, les participants sont invités à aller au lit et à laisser la possibilité au sommeil de venir. S'ils s'endorment, ce qui est arrivé dans 96 % des essais, ils sont réveillés après 2 à 4 minutes. «
Cette façon de faire n'est pas aussi rude qu'elle peut sembler, souligne le chercheur. Ressentir de la somnolence pourrait être thérapeutique pour des personnes qui souffrent d'insomnie chronique. Cela pourrait leur permettre de réaliser que, contrairement à ce qu'elles croient, elles n'ont pas perdu la capacité de s'endormir. Elles peuvent ainsi remettre en question des croyances qui alimentent leur anxiété et qui contribuent à leur insomnie chronique.
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un groupe témoin sans intervention.
Le suivi effectué pendant 3 mois montre une diminution de la sévérité de l'insomnie et de la fatigue chez les participants soumis à une séance de privation de sommeil, avec ou sans endormissements. Ainsi, 3 mois après l'intervention, 25 % des participants du groupe de privation totale de sommeil et 33 % du groupe de privation de sommeil avec endormissements montraient une baisse de l'indice de sévérité d'au moins 8 points par rapport au score préintervention au test Index de sévérité de l'insomnie (faites le test pour vérifier la sévérité de votre insomnie).
« Un changement de plus de 7 points est jugé significatif sur le plan clinique. Nous ne savons pas si cet effet s'est maintenu au-delà de 3 mois parce que l'étude devait se terminer à ce moment
», précise Jacques Le Bouthillier.
« Nos résultats, bien que préliminaires, sont encourageants et suggèrent qu'il vaut la peine de poursuivre les travaux dans cette voie. Le caractère choc et rapide de la privation de sommeil en ferait une option intéressante pour les personnes qui ne répondent pas à la TCC pour l'insomnie et qui ne veulent pas consommer de somnifères.
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Insomnie : les classes de médicaments utilisées (incluant celles non indiquées)
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TEST : Etes-vous dépendant(e) aux somnifères et/ou anxiolytiques (Xanax, Lexomil…) ?
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Une thérapie comportementale aussi efficace que les somnifères contre l'insomnie
Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.
Voyez également :
- Sommeil : comment agissent camomille, lavande, passiflore, valériane et autres
- Tisanes contre l'insomnie : 3 plantes faciles à cultiver TEST : Souffrez-vous de somnolence excessive ?
Psychomédia avec sources : Université Laval, Journal of Sleep Research.
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