Le premier ministre du Japon, Shinzo Abe, a présenté, lundi 26 mars, ses "excuses sincères" pour le rôle de son pays dans la prostitution forcée de femmes asiatiques des années 1930 à la fin de la seconde guerre mondiale. Jusqu'à 200 000 femmes asiatiques, provenant des Philippines, l'Indochine, de Birmanie, des Indes néerlandaises et Singapour mais surtout de la Corée et de la Chine, auraient été concernées par cet esclavage sexuel.

Le premier ministre Abe a été accusé de minimiser le rôle du Japon dans cette affaire, ayant déclaré au début mars qu' "il n'y avait aucune raison de s'excuser", soulignant qu'il n'existait "aucun témoignage fiable" prouvant que l'armée japonaise avait eu recours à la "coercition" dans le recrutement de prostituées pour les soldats japonais. Il réagissait alors à un projet de résolution d'appui aux victimes présenté au Congrès américain.

Dans sa déclaration du 26 mars, M. Abe s'est dit prêt à s'excuser en tant que Premier ministre et à s'en tenir à la déclaration Kono du gouvernement japonais de 1993 mais a exclu tout nouvel acte officiel de repentance.

La déclaration Kono reconnaissait pour la première fois que l'armée japonaise avait été impliquée "directement ou indirectement" dans l'esclavage sexuel qui, selon certains historiens, aurait concerné jusqu'à 200 000 femmes asiatiques.

La publication en 1992 des travaux de l'historien Yoshiaki Yoshimi portant sur des documents saisis par les alliés en 1946 avait établi un lien tangible entre l'armée japonaise et les "maisons de confort". Les travaux de Yoshimi montrent la forte implication des administrations japonaises, non seulement celles de l'armée, mais aussi celles des ministères de l'Intérieur, du Travail et des Finances. Ils établissent que celle-ci avait constitué de 1938 à 1945 environ 2000 maisons de confort, dont notamment un centre de délassement de 1 000 femmes pour une armée de 100 000 hommes, en avril 1939, à Kwandong en Chine.

Le contenu de ces travaux fut rapporté par certains médias japonais le 12 janvier 1993. En réaction, le gouvernement japonais reconnu le jour même, par l'entremise de Kato Koichi, l'implication de l'armée showa dans l'implantation des maisons de confort. Le 17, ce fut au tour du premier ministre Ki'ichi Miyazawa de s'excuser lors d'un voyage en Corée du Sud. Le gouvernement émit le 4 août 1993 une déclaration par laquelle il reconnaissait entre autre que l'armée showa était « directement ou indirectement impliquée » dans l'implantation et la gestion des maisons de confort et que les femmes étaient recrutées « dans bien des cas contre leur gré »

Sources:
Le Monde
Wikipédia