La Haute autorité française de santé (HAS) a publié le 30 septembre des recommandations à destination des médecins, des personnes atteintes et de leur entourage, pour la prise en charge de l'anorexie, une maladie mentale qui concerne 2% des femmes, dont 70.000 adolescentes en France. Des documents d'information, destinés aux personnes atteintes et à leur entourage, sont disponibles dans les cabinets médicaux et sur le site internet de la HAS (voir plus bas).

L'anorexie est caractérisée par le fait de refuser l’alimentation malgré la faim et de refuser la prise de poids malgré un corps amaigri.

Elle survient majoritairement chez les jeunes filles pré ou post-pubères. La jeune fille est obsédée par l’idée d’être trop grosse ou de le devenir et développe des conduites de forte restriction alimentaire, souvent accompagnées de suralimentation incontrôlée, accompagnées ou non de comportements compensatoires visant à ne pas prendre de poids, comme l’hyperactivité physique, les vomissements et l’utilisation de laxatifs.

Il n'existait pas jusqu'à maintenant de «cadre» en France pour la prise en charge de l'anorexie. Les recommandations ont été élaborées en partenariat avec l'Association française pour le développement des approches spécialisées des troubles du comportement alimentaire (AFDAS-TCA). Les professeurs de psychiatrie Philippe Jeammet et Jean-Luc Vénisse sont à l'origine de ce travail.

«Un diagnostic tardif et une prise en charge initiale inadaptée peuvent entraîner des conséquences graves», indiquent les spécialistes dans leur rapport. Ils préconisent un repérage précoce de la maladie afin de prévenir le risque d'évolution «vers une forme chronique et des complications somatiques, psychiatriques ou psychosociales».

"Parmi les signes avant coureurs : le ralentissement de la croissance, l'absence de règles chez l'adolescente ou encore une perte de poids supérieure à 15%. Quelques questions à poser à la personne concernée peuvent également permettre de repérer les comportements à risques : lui arrive-t-elle de se faire vomir parce qu'elle se sent mal d'avoir trop mangé ? Avoir perdu le contrôle de ce qu'elle mange l'inquiète-t-elle ? A-t-elle récemment perdu plus de 6 kg en 3 mois ? Les autres la trouvent-ils trop mince alors qu'elle pense être trop grosse ? Dirait-elle que la nourriture domine sa vie ? En cas de réponse positive à au moins deux questions, il est fortement possible que la personne souffre d'anorexie", résume Le Figaro.

Une fois le diagnostic posé, la prise en charge est multidisciplinaire. Elle fera intervenir au minimum un psychiatre (ou pédopsychiatre) ou un psychologue ainsi qu'un médecin généraliste ou un pédiatre, indique le rapport. «Après le diagnostic initial, l'anorexie devra être évaluée au moins une fois par mois et plus fréquemment si l'état du patient est fluctuant et évolutif». Les thérapies devront se poursuivre pendant «au moins un an après une amélioration clinique significative».

L'hospitalisation à temps plein n'est pas automatique. Elle est décidée au cas par cas selon des critères physiques et biologiques (perte de poids rapide, hypoglycémie, etc.), psychiatriques (risque suicidaire, abus de substances comme les médicaments, etc.) et environnementaux (problèmes familiaux…), expliquent les auteurs.

Lire sur le site de la HAS:

Document d'information destiné aux familles et aux patients
Recommandations de bonne pratique. Anorexie mentale: prise en charge
Fiches synthèses (repérage, premiers soins et filière de prise en charge, critères d'hospitalisation, argumentaire scientifique, ...

Psychomédia avec sources: Le Figaro, HAS.
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