Germaine Tillion fête mercredi ses cent ans. Elle est une pionnière de l'ethnologie, historienne, résistante de la première heure. Elle a "toujours combiné ses activités d'ethnologue et d'historienne avec une action politique sur des causes particulières comme la torture en Algérie ou les sans-papiers" raconte Tzvetan Todorov Président de l'Association Germaine-Tillion, créée en 2003 pour protéger et diffuser son oeuvre.

De 1934 à 1940, la jeune ethnologue réalise quatre missions dans le massif montagneux des Aurès (sud-est algérien) sur la population berbère chaouia.

De retour en métropole en juin 1940, au moment de l’armistice, elle participe à la fondation du Réseau du Musée de l'Homme, le tout premier des réseaux de la Résistance. Le réseau travaille à l’évasion des prisonniers et au renseignement.

Dénoncée et arrêtée en 1942, elle est déportée l'année suivante à Ravensbrück où elle résiste en restant ethnographe et décrivant l'univers concentrationnaire. Cachée dans une caisse, elle écrit son "opérette-revue" sur l'enfer des prisonnières, pour distraire ses compagnes.

Elle se consacre après la guerre à des travaux sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale (enquête sur les crimes de guerre allemands, sur les camps de concentration soviétiques entre 1945 et 1954) puis sur l’Algérie.

Directrice d’études à l’École pratique des Hautes études, elle a réalisé vingt missions scientifiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Elle retourne en Algérie en 1954 pour une mission d’observation et participe à la création de centres sociaux : ses nombreux travaux de recherches au cours de sa carrière au CNRS et à l’ EHESS portent sur les sociétés méditerranéennes.

En 1957, en pleine bataille d'Alger, elle réussit à obtenir pour quelques semaines l'arrêt des attentats contre l'arrêt des exécutions capitales de militants du FLN, après une rencontre secrète avec Yacef Saadi, chef militaire de la région d'Alger. En même temps, Germaine Tillion s'élève avec véhémence contre la torture avec l'historien Pierre Vidal-Naquet ou le journaliste Henri Alleg.

À Alger, le 4 juillet 1957, elle rencontre clandestinement Yacef Saadi, à l'instigation de ce dernier, pour tenter de mettre fin à la spirale des exécutions capitales et des attentats aveugles.

Après la guerre d'Algérie, elle s'engage dans divers combats politiques:
- contre la clochardisation du peuple algérien,
- contre la torture en Algérie,
- pour l'émancipation des femmes de Méditerranée.

Son séminaire d'« ethnologie du Maghreb » à l'École pratique des hautes études est resté légendaire.

En 2004, elle lance avec d'autres intellectuels français un appel contre la torture en Irak.

Ses derniers livres sont: - L’Algérie aurésienne en collaboration avec Nancy Woods (2001); - Il était une fois l’ethnographie (biographie) (2000); Un film lui a été consacré.

Sources:
TV5
Wikipédia