Les campagnes de dépistage du cancer du sein au moyen de la mammographie ne réduisent pas la mortalité, selon une étude canadienne publiée dans le British Medical Journal.

Anthony B Miller de l'Université de Toronto et ses collègues ont mené cette étude avec près de 90.000 femmes âgées de 40 à 59 ans qui ont été assignées au hasard à l'un de deux groupes pour subir annuellement, pendant 5 ans, soit une mammographie, soit un examen physique. Elles ont été suivies pendant 25 ans.

Celles qui ont subi les mammographies annuelles n'avaient pas moins de risque de mourir d'un cancer du sein que celles ayant subi un examen physique.

Après 5 ans, 666 cancers ont été détectés chez les femmes ayant subi des mammographies contre 524 dans le groupe ayant subi l'examen physique, soit un "excédent" de 142 tumeurs. Cet "excédent" était de 106 tumeurs après 15 ans. 22% de l'excédent diagnostiqué lors du dépistage par mammographie représentait ainsi un surdiagnostic (détection de petites tumeurs qui n'auraient pas eu d'impact sur la personne concernée), concluent les chercheurs.

Après 25 ans, 500 décès par cancer du sein étaient survenus chez les 44.925 femmes suivies par mammographies contre 505 dans le groupe témoins 44 910.

Ces résultats sont en concordance avec ceux d'une méta-analyse (combinaison des données de plusieurs études) de la Collaboration Cochrane, publiée en 2000 et régulièrement mise à jour, qui montre que le dépistage ne réduit pas la mortalité.

Une étude britannique publiée en 2012 estimait de son côté que le dépistage organisé sauvait des vies mais entraînait un surdiagnostic estimé à près de 20% des cancers dépistés.

Plusieurs études qui ont montré un avantage du dépistage systématique sont des études observationnelles dont la méthodologie ne permet as de tirer des conclusions de cause à effet, souligne le New York Times.

Plusieurs tumeurs, reconnaissent maintenant les chercheurs, croissent lentement ou pas du tout, note le journal. Certaines tumeurs s'atrophient ou disparaissent par elles-mêmes. Mais une fois détectées, il n'est pas possible de savoir lesquelles sont dangereuses. Elles sont donc toutes traitées.

Les politiques concernant le dépistage du cancer du sein ne seront cependant pas faciles à changer, estiment Mette Kalager et ses collègues dans un éditorial accompagnant l'étude, "car les gouvernements, les bailleurs de fonds de recherche, les scientifiques et les médecins peuvent avoir des intérêts à poursuivre des activités bien établies".

Psychomédia avec sources: New York Times, BMJ.
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