Le portrait moléculaire d'une tumeur cancéreuse permet dans certains cas d’identifier une thérapie ciblée et d’améliorer le pronostic, montre une étude française publiée dans la revue Cancer Discovery.

Avec la médecine de précision (aussi appelée médecine personnalisée), « la tumeur n’est plus uniquement caractérisée par l’organe d’origine et par son stade d’évolution mais aussi par la nature des altérations moléculaires qu’on trouve dans son ADN ou son ARN. »

« Une fois le portrait moléculaire dressé et les anomalies identifiées, les mutations dites actionnables orientent le choix du traitement vers la thérapie ciblée appropriée. »

Jean-Charles Soria et ses collègues de Gustave Roussy, l’Inserm et l’Université Paris-Sud ont mené cette étude avec 1035 personnes atteintes de différents types de cancer et dont la maladie continuait de progresser malgré les traitements. Ils ont établi la carte génétique tumorale de 843 d'entre elles.

Celles qui avaient des anomalies actionnables pouvant bénéficier de thérapies ciblées ayant déjà une AMM (autorisation de mise sur le marché) étaient exclues de l’étude. Les thérapies ciblées qui ont pu être proposées aux patients dans le cadre de cette étude, appelée MOSCATO (pour MOlecular Screening for Cancer Treatment Optimization), étaient essentiellement évaluées en phase I (plus de 60 essais cliniques de phase I sont en cours à Gustave Roussy).

Des mutations contre lesquelles il est possible d’agir ont été identifiées chez environ la moitié d'entre elles. Au final, environ un quart des patients a pu recevoir une thérapie ciblée et chez 33 % d'entre eux, elle a freiné la maladie. Soit un bénéfice pour environ 8 % des participants à l'étude.

La survie sans progression de la maladie des patients sous traitement de référence (traitement habituel) pour leur pathologie était d’abord établie. « Lorsque la maladie évoluait et lorsqu’une thérapie ciblée était administrée aux patients, la nouvelle survie sans progression de la pathologie était mesurée. Un bénéfice clinique était enregistré lorsque la survie sans progression de la maladie sous thérapie ciblée était au moins 1,3 fois plus longue que sous traitement de référence. Il faut noter, qu’avec le temps et l’enchainement des traitements, la survie sans progression de la maladie raccourcit sauf si un traitement plus efficace que les précédents est administré. »

« Maintenant que nous avons démontré un bénéfice clinique, nous cherchons à le quantifier en mois de vie gagnée dans le cadre d’une autre étude appelée SAFIR 02, promue par UNICANCER. Nous voulons également augmenter le nombre de patients qui pourraient bénéficier de la médecine de précision. C’est l’objectif de MOSCATO 02 où nous allons évaluer les portraits moléculaires établis à partir d’une prise de sang et de l’ADN circulant, mais aussi tenter de mieux comprendre les processus de résistance », explique le chercheur.

Cancer : qu'est-ce que la médecine personnalisée, les thérapies ciblées et l'immunothérapie ?

Pour plus d'informations sur la « médecine personnalisée » pour le traitement du cancer, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : Inserm.
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