Le documentaire de Richard Desjardins et Robert Monderie, "Le peuple invisible", a été présenté en première mondiale en ouverture du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. Il sortira le 23 novembre dans une quarantaine de salles du Québec.

Le film, qui a requis sept ans de travail, porte sur l'histoire et la situation des Algonquins de l'Abitibi-Témiscamingue.

"Le Peuple invisible possède une fonction avant tout pédagogique. Parce que ce qui est dit dans le film nous est collectivement inconnu", explique Richard Desjardins, dont les propos sont rapportés par la journaliste odile Tremblay dans Le Devoir.

Neuf mille Algonquins sont répartis dans une dizaine de communautés, réserves ou terres des Oblats en Abitibi-Témiscamingue.

Le film présente ce peuple autochtone comme les victimes d'une dépossession graduelle de leur culture (un ethnocide) et de leur territoire. Ce peuple vit aujourd'hui dans des conditions pénibles de grande pauvreté. Le taux de suicide y est alarmant.

"La colonisation au XXe siècle, la construction de barrages qui empêchaient la pêche et la circulation riveraine, les politiques d'assimilation ont ébranlé 5000 ans d'histoire.

(...) On remonte le fil d'une histoire jamais enseignée dans nos manuels, avec des traités violés dès le XVIIIe siècle, des territoires spoliés, des victimes (comme d'autres communautés autochtones) d'une politique sauvage d'assimilation et des pertes de repères culturels."

Par exemple, "l'épisode des pensionnats, où les enfants étaient séparés de leurs parents dix mois par année, sans droit de parler leur langue, la majorité d'entre eux étant agressés sexuellement. Ils ont ensuite souvent reproduit violence et abus."

"Les réalisateurs montrent du doigt l'inertie du gouvernement du Québec plus que celle du fédéral, au risque de faire déraper le débat sur des questions de compétence.

(...) Aux yeux de Robert Monderie, une chose est certaine: l'amélioration des conditions de vie des Algonquins passera par l'acquisition de territoires, quelle que soit leur façon de l'exploiter. «Et c'est le Québec qui contrôle le territoire, rétorque Desjardins. D'où sa responsabilité dans l'affaire.»

L'Erreur boréale, le film précédent des co-réalisateurs (une attaque contre les grandes compagnies papetières) avait débouché en 1999 sur la création d'Action boréale, un groupe d'intervention qui a ébranlé les politiques en matière de foresterie.

«Il est trop tôt pour dire si un groupe similaire sera formé. On verra après la sortie commerciale du film, déclare Desjardins. Mais les Algonquins en émettent le souhait...»

"Lors d'une conférence de presse, les cinéastes ont cédé souvent la parole aux membres des communautés algonquines. Leurs divisions internes ne les ont pas empêchés d'apprécier le film et de s'en montrer extrêmement émus, nous livrant des récits personnels d'enfance dévastée au pensionnat, de violence subie par les femmes, de détresse et parfois d'espoir."

Psychomédia avec source : Le Devoir.
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