Les mammifères, dont l'homme peut-être, possèdent un organe olfactif qui leur permet de détecter la peur des autres individus de leur espèce, ont découvert des chercheurs de l'Université de Lausanne.

Les souris ont au bout de leur museau, un ganglion leur permettant de détecter des molécules (phéromones) libérées par d'autres souris lorsqu'elles ont peur, ce qui avertit leur cerveau de la menace, rapportent les chercheurs dans la revue Science.

Le ganglion de Grüneberg a été découvert en 1973. Les chercheurs avaient alors constaté que ses 300 à 500 cellules possèdent des connexions vers le système olfactif du cerveau. Mais sa fonction restait inconnue.

Marie-Christine Broillet et son équipe ont découvert, grâce à la microscopie électronique, des cils à la surface des cellules du ganglion. Ils ont alors vérifié si le ganglion n'était pas un radar à phéromones.

Les phéromones sont secrétées par la plupart des animaux et végétaux. Elles constituent des signaux pour les autres individus de l'espèce permettant de susciter un attrait sexuel, de marquer un territoire ou d'annoncer un danger.

Les chercheurs ont d'abord récolté l'air d'une boîte dans laquelle avait été logée une souris stressée, qui y émettait ainsi des phéromones d'alarmes. Ils ont ensuite placé une autre souris dans une arène; l'animal tendait instinctivement à l'explorer. Mais lorsque les chercheurs ont mis dans un coin un gobelet d'eau contenant les phéromones d'alarme recueillies, la souris, après avoir reniflé, allait s'immobiliser apeurée dans l'angle opposé.

Le même protocole est ensuite reproduit avec une autre souris chez laquelle les scientifiques ont retiré le ganglion de Grüneberg. Même en présence de la dose de phéromones d'alarme, elle explorait sans crainte son environnement. Elle parvenait aussi à trouver, dans la litière, un biscuit enfoui. Ce qui signifie que son système olfactif n'était pas détérioré, explique Marie-Christine Broillet.

C'est donc bien ce ganglion qui sert au rongeur à sentir le danger annoncé par les phéromones émises.

Et l'homme? A-t-il aussi un ganglion de Grüneberg? Peut-il pareillement sentir un avertissement de danger? «Il est possible que cet organe existe encore chez l'homme, mais personne ne l'a jusque-là démontré, répond Marie-Christine Broillet. On sait juste qu'il existe chez le fœtus. Et s'il est présent chez l'adulte, il faudra vérifier s'il est encore fonctionnel.»

PsychoMédia avec source:
Le Temps.ch