"Lassés d'être instrumentalisés par Gilles de Robien (le ministre de l'Education) dans sa croisade pour le retour au b.a.-ba, vingt scientifiques de renom ont diffusé hier un texte dans lequel ils soulignent qu' «il n'y a pas lieu d'exiger des enseignants le retour à une méthode unique, notamment de leur imposer l'usage d'une méthode exclusivement synthétique, parfois appelée "méthode syllabique"».

Ils soulignent aussi le fait que l'arrêté de mars 2006 écarte les «méthodes globales» comme ils le recommandent, mais autorise toutes les autres «dans la mesure où l'enseignant prend soin d'enseigner les correspondances» entre les lettres et les sons." (1)

Un certain nombre de chercheurs en psychologie cognitive, neuropsychologie et sciences de l'éducation rappellent les résultats des études d'évaluation de l'efficacité des différentes méthodes pour l'enseignement de la lecture, et formulent notamment les recommandations suivantes:

1. "Il faut enseigner les relations graphèmes-phonèmes (entre les lettres et les sons) de manière systématique et explicite, dès le début du cours préparatoire.

2. Il existe de nombreuses manières d'enseigner les relations graphèmes-phonèmes: des approches synthétiques, combinant les phonèmes pour construire les syllabes et les mots; des approches analytiques, décomposant les mots en syllabes et en phonèmes; et des approches combinant à divers degrés les deux précédentes. Les études d'évaluation ne font pas ressortir de différences significatives d'efficacité entre ces différentes approches.

Les résultats scientifiques actuels suggèrent donc d'écarter les méthodes qui n'enseignent pas les relations graphèmes-phonèmes, ou qui ne les enseignent pas de manière explicite et systématique, ou qui ne les enseignent pas suffisamment tôt (souvent appelées "méthodes globales", ou selon les acceptions, correspondant à une partie des méthodes globales). Toutes les autres méthodes semblent acceptables.

Conformément aux résultats scientifiques, les nouveaux programmes laissent aux enseignants le choix entre les nombreuses méthodes utilisant des approches synthétiques, analytiques, ou une combinaison des deux, dans la mesure où, quelle que soit la méthode choisie, l'enseignant prend soin d'enseigner les correspondances graphèmes-phonèmes, afin de développer l'automatisation de la reconnaissance des mots et la compréhension.

Compte tenu des textes de loi définissant les programmes, et compte tenu des travaux scientifiques qui les inspirent, il n'y a donc pas lieu d'exiger des enseignants le recours à une méthode unique. Il n'y a notamment pas lieu de leur imposer l'usage d'une méthode exclusivement synthétique (parfois appelée "la méthode syllabique")." (2)

Sources:
(1) Libération, 20 octobre 2006
(2) www.lscp.net (Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistiques)