Une étude scientifique de l'Inserm, publiée dans le Journal of Clinical Oncology, confirme que l'exposition à l'insecticide chlordécone, un perturbateur endocrinien, augmente le risque de cancers de la prostate, lesquels représentent la moitié des cancers en Guadeloupe et en Martinique. L'insecticide a été utilisé dans les plantations de bananes des Antilles entre 1973 et 1993. L'étude valide les signaux d'alerte que les autorités ont longtemps ignorés, commente le journal Le Monde.

Alors que les Etats-Unis avaient retiré le chlordécone du marché en 1976, la France l'a autorisé en métropole jusqu'en 1990 et a prolongé son utilisation jusqu'en 1993 dans les Antilles.

L'insecticide a continué à être utilisé sans précaution pour empêcher la pollution des sols (et des légumes qui y sont cultivés) et l'exposition d'une partie de la population, indique le quotidien. Les personnes les plus exposées sont les plus pauvres : celles qui cultivent leurs propres légumes pour se nourrir et continuent à absorber du chlordécone à des doses dangereuses. Les planteurs sont des "békés" et les ouvriers agricoles, qui ont subi une exposition professionnelle pendant vingt ans, sont noirs.

L'étude du Dr. Luc Multigner et ses collègues a été menée avec 600 hommes atteints d'un cancer de la prostate et 600 hommes non malades. Le risque augmente avec les niveaux de chlordécone dans le sang: il est multipliée par 1,8 chez les hommes ayant des concentrations sanguines supérieures à 1µg/l. Il est supérieur chez ceux ayant des antécédents familiaux de cancer de la prostate et ceux ayant résidé dans un pays occidental. La combinaison de ces deux derniers facteurs est associée à un risque multiplié par 4,2.

"Quelque 80 000 personnes habitent dans des zones où le sol est contaminé et 13 000 individus absorbent chaque jour, en mangeant des légumes qu'ils cultivent, une quantité de chlordécone dépassant la valeur toxicologique de référence: 0,5µg/kg/j. Il faut aider la population à se préparer à vivre avec un problème qui n'est pas près de disparaître: la demi-vie du chlordécone dans le sol est de six siècles!" indique le professeur William Dab, président du Conseil scientifique du Plan chlordécone.

L'Etat a un devoir de prévention, considère Le Monde: celui de fournir à la population la possibilité de connaître son degré d'exposition et la géographie de la contamination des sols.

De quoi avoir à l'oeil la gestion gouvernementale de divers dossiers actuels de sécurité sanitaire ...

Psychomédia avec source:
Le Monde