L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a rendu public, le 14 janvier, un rapport préliminaire intitulé État des connaissances sur la relation entre les activités liées au gaz de schiste et la santé publique qui visait à recenser la littérature scientifique et technique portant sur les risques pour la santé associés aux activités d’exploration et d’exploitation.

"Le document soulève plusieurs éléments de préoccupation au regard des risques à la santé", résume l'INSPQ. "La recension des écrits a permis d’identifier quelques dangers, réels, soupçonnés ou potentiels, mais ne permet pas, pour l’instant, d’évaluer les risques à la santé pour la population québécoise".

Risques technologiques et les urgences en santé publique

Des accidents et des incidents en lien avec les activités d’exploitation du gaz de schiste ont été rapportés dans la littérature. Les principaux incidents susceptibles de menacer la santé sont les explosions, les incendies, les fuites et les déversements de substances dangereuses. Il est impossible d’estimer leur fréquence historique aux États-Unis et au Canada. Des incidents ayant entraîné des blessures ou des décès se sont produits dans plusieurs états ou provinces où il y a de l’exploitation et ce, encore tout récemment.

Risques liés à la pollution de l’air

Les concentrations d’une variété de polluants sont susceptibles d’augmenter dans l’air ambiant, sur les lieux des sites d’exploration et d’exploitation gazifière ou à leur proximité, pouvant ainsi accroître l’exposition des populations environnantes. Il s'agit d’oxydes de soufre, de particules, d’oxydes d’azote et de composés organiques volatiles (COV).

Risques reliés à la contamination de l’eau

Les procédés d’exploitation utilisent ou rejettent, lors des opérations, plusieurs substances dont certaines ont un potentiel toxique reconnu et qui pourraient affecter la santé de la population advenant une contamination de l’eau. Des cas de contamination de l’eau souterraine ont été rapportés et sont suspectés, mais non confirmés, être reliés à l’exploitation du gaz de schiste.

« Le potentiel de radioactivité des débris de forage et des eaux usées, ainsi que des eaux sursalées est réel », indique le rapport.

« Dans les schistes de Marcellus (New York), le radium-226 a été retrouvé dans les eaux usées et est devenu une grande préoccupation. Ce dernier est sensiblement soluble dans l’eau et a une demi-vie d’environ 1600 ans. Une problématique additionnelle connue consiste en l’élimination adéquate de ces déchets potentiellement radioactifs. En effet, les options de disposition des déchets solides et liquides radioactifs ne sont pas clairement établies et ne sont pas encadrées, même aux États-Unis où cette problématique est connue depuis quelques années. Cet enjeu pourrait devenir une problématique de santé publique si les déchets des schistes d’Utica et de Lorraine démontrent de la radioactivité. »

L’INSPQ s’inquiète également du « traitement et de l’élimination inadéquate » des eaux de forage qui peut mener à une contamination de l'eau potable.

Les premiers résultats préliminaires de l’étude exhaustive menée sur le sujet par l’Agence de protection américaine de l’environnement devraient être accessibles vers la fin de l’année 2012.

Risques d’effets sur la qualité de vie

Certains changements sont survenus dans la qualité de vie des populations avoisinant l’exploitation du gaz de schiste. Ils sont d’abord associés à l’augmentation importante de nuisances spécifiques (circulation, bruit, luminosité, vibrations). Par ailleurs, des effets sociaux ont été constatés, dont une bonne part semble directement associée à l’effet boomtown, lié à l’arrivée de travailleurs et de leurs familles, et donc à l’augmentation rapide de la population.

Réaction de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)

L'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) a réagit à ce rapport par voie de communiqué. Le rapport dresse un portrait inquiétant des impacts sur la santé qui confirme la nécessité d'imposer un moratoire, souligne-t-elle.

L'association relève les passages suivants du rapport: «l'exploitation gazifière non traditionnelle a été associée dans un cas précis à la production d'ozone au sol, en raison de l'augmentation de l'émission de gaz précurseurs à sa formation (les COV et les NOx)(P.14)». Et, en page 15, que «des augmentations des niveaux de contaminants comme le benzène pourraient donc être observés dans les résidences localisées très près des installations gazifières et contribuer à augmenter les risques de cancer et d'effets neurotoxiques des habitants […].»

Enfin, relève l'association, le rapport précise «On ne sait pas, dans le cas de l'exploration et de l'exploitation gazifière non traditionnelle, si un nombre important d'individus verront leur exposition aux principaux contaminants de l'air (PM2.5, NOx, SOx et ozone) augmenter (p.16)». Le rapport de l'INSPQ confirme aussi que «l'exploration et l'exploitation gazifière sont associées à des émissions de gaz à effet de serre (GES) dont le CO2 et le méthane […]» et que les «[…] chiffres sur les émissions de GES associées à cette activité sont rares et discutables ».

Psychomédia avec sources: Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), Rue Frontenac.
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