L'American Psychological Association (APA) aux États-Unis fait l'objet de critiques de la part de ses membres et d'autres professionnels pour avoir émis à l'été 2005 une politique permettant aux psychologues d'aider aux interrogatoires militaires.

Une pétition en ligne contre cette politique compte plus de 1300 signatures de membres et d'autres psychologues. Des forums de protestation sont prévus pour le congrès de l'association qui se tient du 10 au 13 août à New Orleans. Plusieurs membres menacent de ne pas payer leur cotisation ou de quitter l'association.

La controverse vient d'une politique que l'APA a émise à l'été 2005, qui dit qu'alors que les psychologues ne doivent pas être impliqués dans la torture ou d'autres traitements dégradants, il est éthique d'agir comme consultants pour l'interrogation et la cueillette d'informations pour des fins de sécurité nationale.

Le rapport du comité dont la recommandation est devenue la politique officielle de l'association, précisait que les psychologues participant à des interrogatoires reliés au terrorisme remplissent "un rôle valable et éthique pour aider à la protection de notre nation, d'autres nations et d'innocents civils ". (1)

Cette position trouble certains membres de l'association, à la lumière des abus qui ont été rapportés aux prisons de Guantanamo, d'Abu Ghraib en Irak et ailleurs.

La question est présentée en termes de psychologues qui aident à la sécurité nationale en même temps que les psychologues sont opposés à la torture, explique le psychologue de Chicago William Gurman, membre de l'APA qui a signé la pétition et qui travaille avec des réfugiés survivants de la torture. Cette position dans le contexte présent me semble incongrue, dit-il.

Des nouvelles ont rapporté que les spécialistes en santé mentale qui contribuent aux interrogatoires militaires américains ont aidé à créer des techniques coercitives, incluant la privation de sommeil et l'exploitation des phobies des détenus afin d'obtenir des informations.

L'American Medical Association a, pour sa part, adopté une position plus forte contre l'implication des médecins dans l'interrogatoire de prisonniers, faisant ainsi écho à la position tenue par l'American Psychiatric Association dont les membres sont médecins. Le Pentagone a indiqué qu'il favoriserait donc le recours aux psychologues qui ne sont pas médecins et ne sont pas soumis aux mêmes politiques.

L'Associated Press cite Salon.com qui rapporte que 6 des 10 psychologues faisant partie du comité qui a ébauché cette politique ont des liens militaires étroits, dont 4 d'entre eux qui ont travaillé à Guantanamo, à Abu Ghraib en Irak ou en Afghanistan.

Gerald Koocher, le président de l'APA, a déclaré qu'aucun des membres du comité n'a été impliqué dans de la torture et que les liens militaires ne constituent pas un conflit d'intérêt.

Certains psychologues réclament que l'association revoit le code d'éthique afin d'interdire aux psychologues toute implication dans l'interrogation de détenus.

Des prospectus et des forums sont préparés pour la convention de New Orleans afin de créer un momentum d'embarras et d'outrage vis-à-vis le fait que l'APA a, jusqu'à maintenant, facilité ces interrogatoires plutôt que travaillé à l'arrêt des violations des droits humains.

Psychomédia avec sources : Forbes, (1) Salon.
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