Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) français vient de rendre public un avis sur les questions éthiques posées par les nanosciences, les nanotechnologies et la santé.

Le CCNE observe que les industries, déjà pleinement engagées dans cette révolution, se bornent à évoquer les promesses attendues. Une telle attitude appartient au passé, considère Didier Sicard, président du CCNE. "Le consommateur réclame aujourd'hui des interrogations éthiques qui sont une forme, parmi d'autres, du respect des personnes."

Les nanosciences et nanotechnologies regroupent les manipulations par l'homme de "nanoparticules". Un nanomètre mesure un millionième de millimètre, ce qui correspond à l'échelle de grandeur des molécules. Elles ont des applications dans plusieurs domaines dont la biologie et l'électronique.

Dans le domaine de la santé, les nanotechnologies permettent, par exemple, d'élaborer des médicaments qui ont des mécanismes d'action nouveaux.

Un article du journal Le Monde (1er février 2007), "Les nanomédicaments sortent des laboratoires de recherche", décrit brièvement les développements de 1ère et de 2e génération, ainsi que ceux à venir de 3e génération d'agents pouvant atteindre précisément la cible à traiter et agir sur celle-ci par des mécanismes d'action différents des médicaments conventionnels.

"Avec les chimiothérapies actuelles, il est souvent difficile de diriger une molécule thérapeutique vers l'organe, le tissu ou la cellule malades. Les principes actifs du médicament peuvent être libérés loin du site d'action visé, perdant ainsi de leur efficacité et risquant, de surcroît, d'entraîner des effets secondaires toxiques pour des zones saines de l'organisme."

La mise au point de vecteurs de médicaments de taille nanométrique est en passe de contourner cet obstacle. Le principe consiste à insérer la molécule active dans de minuscules capsules qui la protègent et permettent de contrôler sa libération dans le temps et dans l'espace. Plus petits qu'un globule rouge, ils peuvent se faufiler partout dans l'organisme.

Les chercheurs développent actullement des nanovecteurs de deuxième génération, dits "furtifs" parce qu'ils sont recouverts d'une sorte de leurre permettant de passer au travers des filets des défenses naturelles de l'organisme contre les corps étrangers.

Déjà des nanovecteurs de troisième génération sont à l'étude. Dotés d'une "tête chercheuse", ils seront capables d'atteindre précisément leur cible. "Autre avantage de ces missiles intelligents miniaturisés", il est possible d'y intégrer des nanoparticules métalliques qui, excitées par un laser ou des ultrasons, s'échauffent et détruisent, sélectivement, les cellules tumorales." (Le Monde)

Mais, comme exemple de questions qui se posent sur les risques des nanotechnologies, que deviendront les nanomédicaments dans notre organisme, après y avoir guéri (ou pas) telle ou telle maladie ? (Le Nouvel Obs Hebdo)

L'immense champ de recherche des nanotechnologies, qui inclut d'autres types d'applications médicales, pose plusieurs questions éthiques : des informations pourraient être recueillies sur la personne à partir de nanoproduits ("patient code-barre"); la personne pourrait être transformée à partir de nanoproduits (un sportif dopé aux nanoparticules par exemple), etc.. santé, etc.

Le CCNE formule une série de recommandations. "La première est d'obtenir des informations accessibles au plus grand nombre sur "la redoutable propriété ambivalente des nanosystèmes moléculaires conçus par l'homme de pouvoir traverser les barrières biologiques (celles entre sang et cerveau ou entre le foetus et la future mère), ce qui risque d'avoir (...) des conséquences majeures pour la santé".

Le CCNE estime d'autre part indispensable d'investir dans une approche de physique et de toxicologie fondamentales, de développer les outils d'une "nanométrologie" pour la détection et l'identification des nanoparticules.

L'urgence est aussi de fonder les bases juridiques d'une loi européenne semblable à la directive Reach sur la toxicité environnementale." (Le Monde)

Le Comité déplore que seulement 0,4% des dépenses dans le monde consacrées aux nanosciences et aux nanotechnologies concerne les risques et les effets secondaires.

Sources:
Le Monde, 1er février 2007
Le Nouvel Obs Hebdo, 22 février 2007
Le Monde, 2 mars 2007
Actualités News Environnement, 2 mars 2007

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