En soutien à deux de leurs consoeurs poursuivies, plus de 2000 médecins et infirmières affirment avoir « aidé des patients à mourir avec décence » et signent un manifeste en faveur de la dépénalisation de l'euthanasie.

Dr Laurence Tramois et l'infirmière Chantal Chanel sont accusées d'avoir donné la mort en 2003 à une femme en phase terminale d'un cancer. Leur procès doit s'ouvrir lundi prochain.

Les 2000 signataires affirment avoir "en conscience" aidé des patients à mourir avec décence". Ils réclament "la dépénalisation, sous conditions, de l'euthanasie et des moyens adaptés à l'accompagnement" des mourants.

"Parce que, de façon certaine, la maladie l'emportait sur nos thérapeutiques, parce que, malgré des traitements adaptés, les souffrances physiques et psychologiques rendaient la vie du patient intolérable, parce que le malade souhaitait en finir, nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir avec décence", affirment les signataires du manifeste.

"Tous les soignants ne sont pas confrontés à ce drame, mais la majorité de ceux qui assistent régulièrement leurs patients jusqu'à la mort, utilisent, dans les circonstances décrites, des substances chimiques qui précipitent une fin devenue trop cruelle, tout en sachant que cette attitude est en désaccord avec la loi actuelle", poursuivent-ils.

Tout en notant "les améliorations apportées par les textes législatifs d'avril 2005 (loi Leonetti)", les signataires du manifeste les jugent insuffisantes et dénoncent une loi "toujours aussi répressive et injuste car en décalage avec la réalité médicale".

La loi Léonetti autorise "le laisser mourir" et permet sous certaines conditions l'arrêt des traitements à la demande des patients.

Des réformes déjà réalisées en Suisse, en Belgique et au Pays-Bas pourraient inspirer des modifications à la loi française.

"Ce manifeste rappelle celui dit "des 343 salopes" - des femmes célèbres et inconnues qui affirmaient avoir subi un avortement clandestin-, publié avril 1971 par le Nouvel Observateur pour lancer un appel à la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse (IVG), qui a finalement été obtenue en 1975."

Source: France3