Un peu d'espoir?

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Un peu d'espoir?

#0 Posté le par EMMA26

Bonjour,

Je me décide à poster un message, peut-être sera-t-il utile à quelqu'un. Ce n'est pas si simple pour moi d'évoquer cette(non-)vie, ce passé douloureux qui n'est pas si lointain.
Petit état des lieux: Aujourd'hui j'ai 26 ans, je vis avec mon compagnon et mon bébé d'un an, je l'aime tellement que parfois j'en ai mal, mais je me projette, je vis, et je peux dire que je suis sereine.
En 2002, je vivais avec un autre homme, j'étais amoureuse, excessive, hypersensible depuis mon enfance, j'ai toujours beaucoup somatisé. Je ne vivais que pour lui, et ma vie se résumait à une phrase:" J'attends Benoit". Son père est mort brutalement, à 52 ans, il laissait une famille effondrée et désemparée. J'ai tout géré, la peine de mon ami, le rapatriement du corps, l'incinération, je consolait mon ami, tous les soirs je lui tenais des discours positifs, et parallèlement je passais ma licence de lettres, j'avais plusieurs petits mémoires à rendre, et lorsque je rentrais chez moi, et que lui était chez sa mère avec sa soeur, je bossais sans arrêt, je dormais de moins en moins bien la nuit, j'ai commencé à acheter des somnifères vendus sans ordonnance, et j'accumulais les guronzan dans la journée. Et puis il m'a fallu plus de somnifères, je suis allée voir un médecin qui m'a donné un antidépresseur, je ne sais pas si on peut le nommer ici, qui m'a complètement fait perdre la tête, je n'étais plus moi même, on m'a raconté que je mettais mes amies hors de chez moi, j'étais extrêmement agressive etc, je ne mangeais plus, et le peu que je mangeais, je le vomissais. J'ai perdu une quinzaine de kilos en un mois ou deux, j'étais à la fois très en forme et épuisée mais je contrôlais mon corps...Mon père m'a emmenée voir une psychiatre, qui m'a tout de suite hospitalisée en HP, je prenais alors un anti-psychotique, un antidépresseur et un neuroleptique. Et un mois après je suis sortie, j'ai joué la comédie (je suis très bonne comédienne) à ma psy pendant des jours disant que ça allait mieux maintenant j'en souris. Ma vie a continué ainsi pendant 3 ans, mon état se détériorait, je prenais les médocs pour des bonbons, je prenais alors une boite de Xanax 0,50 par jour, plusieurs Tercian 100, je dormais beaucoup presque dans un coma, mes pupilles étaient toujours dilatées, dès qu'on me contrariait je me faisais du mal, je ne sais pas combien de TS j'ai dû faire. J'ai été hospitalisée deux fois 1mois et demi et chaque fois, je faisais le même cinéma pour sortir, et quand je sortais pour avoir encore plus de médocs, et toujours plus forts. Les derniers temps, je ne mangeais plus, j'avais des problèmes reinaux, je prenais de l'anafranil(2 fois 75mg), du depakote(1g), du valium 10 à la pelle, du zyprexa, toujours mon Tercian 100 et pour dormir 2 mépronizine et un rose et jaune, je me souviens plus. QUand j'énumère tout cela, je me dis que c'est inadmissible de donner tant de choses à quelqu'un qui conduit d'une part et d'autre part, qui a un tel comportement addictif avec les médocs. Pour moi c'était mes bébés, je les triais, les rangeais sur mon bureu, je les aimais. en avais-je vraiment besoin? N'est ce pas aussi A CAUSE de ces médocs que j'étais si mal, que je n'étais plus moi même? J'avais arrêté mes études, j'ai eu de longues périodes où je ne sortais plus de chez moi. Et puis j'alternais ces longues périodes d'angoisse, avec des moments d'euphorie; je sortais, je rencontrais, je fumais beaucoup (trop) de shit et occasionnellement je renais de la coke. Et je buvais aussi tous les jours. Pour moi j'étais arrivée à la fin de ma vie, et voir les autres pleurer, ma mère toujours les yeux bouffis quand elle venait me récupérer à l'hopital apreès une TS, mes amis qui me suppliaient de lutter...Qu'est ce qu'on est égoistes lorsqu'on est malheureux.
Et par un beau mercredi de juin 2005 j'ai rencontré André, le père de mon fils. André, 40ans, serveur, un homme sain et simple, qui m'aime simplement. Un homme vivant. J'ai fait une ultime TS à l'anafanil (j'avais entendu dire que le coeur pouvait lacher en cas de surdosage), j'ai fait toutes les pharmacies de ma ville pour récolter des boites prétextant un oubli de cachets car j'étais en vacances, et repensant à cet homme vivant j'avais moi même appelé les pompiers. C'est bien la seule fois où je suis passée vraiment près de ma fin, je suis restée dans un état comateux pendant 4 jours, avec une tension de 6 et des poussières, des électrocardiogrammes toutes les heures etc;

Je devais être enceinte de quelques jours puisque j'ai fait une fausse couche là bas, sans doute tous ces médocs et je ne le savais même pas. Avant de sortirj'ai vraiment regardé ma mère: j'ai vu toute sa souffrance et ce que je lui ai fait endurer ces quelques années, j'ai vu André tout angoissé. J'ai choisi d'essayer de vivre. André m'a demandé si on pouvait refaire un bébé, j'ai compris instinctivement que ce serait ça MA VIE. J'ai arreté tous mes médocs, j'ai sué, j'ai pleuré, j'ai eu mal au ventre, mon psy a juré que je le regretterai, je ne l'ai plus revu, mais je l'ai fait.
En deux mois, j'étais redevenue saine, j'avais peur oui de replonger mais tout le monde m'entourait, j'ai eu de la chance.

J'ai compris que la vie "normale" était agréable, même si je reste une personne fragile, j'ai encore tendance à regarder furtivement autour de moi, cherchant une boite de médocs? un couteau? quand je suis contrariée, mas je bloque tout de suite mes angoisses, je m'active, je prépare mon CAPES de lettres, je fais tout autre chose et ça me permet de chasser mes idées noires mais c'est vrai que parfois je lutte vraiment beaucoup.

Le 26 juillet 2006, soit exactement un an et un jour après ma dernière TS mon petit Tristan (son prénom est loin d'être un hasard) est venu au monde. Je ne veux pas qu'il connaisse un jour cette partie si sombre de ma vie, mais si c'est le cas, je veux qu'il me considère avec fierté parce que je m'en suis sortie.
Voilà c'était un peu long, surement rébarbatif, ça m'a fait du bien d'écrire, j'ai fait ce que j'ai pu pour résumer, je n'ai pas insisté sur les moments horribles, c'est encore trop dur.

J'espère de tout mon coeur que j'aurai des échos positifs ou non à ma petite histoire.

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Peut être pas des conseils mais...

#5 Posté le par EMMA26
...Comme toi ( mais toi tu vas réussir!) j'avais commencé une année de psycho, j'avais eu une équivalence qui m'avait permis de passer directement en licence 2, c'était en octobre 2004, j'étais pleine de médocs et j'ai baissé les bras parce que comme pour tout avant de te spécialiser dans un domaine qui te plait, il faut passer par des matières qui te plaisent moins et pour moi ce fut Beyrouth...avec le tercian et les somnifères je ne pouvais pas me lever le matin...bref ce fut un cuisant échec. A ma décharge je dis que je n'étais pas dans la même dynamique que toi et moi aujourd'hui.
Quand as tu arrêté tes études? Si ça t'intéresse j'ai pas mal de bouquins, vestiges de mes quelques semaines passées en pycho ( je te rassure, j'aurais fait n'importe quoi à l'époque j'échouais tout de toute façon ).
:D A très vite.

Message #4

#4 Posté le par lilo44
Bonjour!
Oui un diagnostic psychologique est un avis, et désigne le plus souvent une période de la vie de qq'un. Le terme borderline est utilisé pour toutes les "affections psychopathologiques situées à la limite entre névrose et psychose"(dictionnaire de psychologie).
Bravo au fait pour tes études, moi c'est l'étape qui me fais le plus peur, il faut dire que c'est pas la moindre, je commence cette année des études de psychologie, je me demande encore si je serai capable après tout ce temps d'étudier tant de matières... J'ai 26ans comme toi et du temps a passé depuis que j'ai arrêté l'école.
Alors si tu veux bien je vais nous encourager ttes les deux à l'aide de ce beau et grand sourire qui met du baume au coeur :D
Si tu as des conseils pour les études je veux bien...
Bonne nuit

Merci!

#3 Posté le par EMMA26
:D Merci beaucoup pour vos messages, ils m'ont fait vraiment plaisir, car chez moi on n'évoque plus cette dure période mais je me bats toujours et j'ai besoin d'être encouragée. Je ne crois pas l'avoir précisé mais les psys m'avaient à l'époque diagnostiqué un trouble bordeline (d'où ce forum) mais hésitaient avec un trouble bipolaires. Je ne sais pas comment dire, mais à partir du moment où j'ai connu cette maladie, je me suis autorisé plus de choses dans ma chute, me disant: "je ne peux pas lutter je suis comme ça".
C'est pourquoi il ne faut jamais perdre de vue que le diagnostique, l'étiquette qu'on nous colle n'est qu'un AVIS même si plusieurs psys sont d'accord, on doit toujours garder en mémoire que ce n'est pas une fatalité: on peut choisir ce que l'on est effectivement ce n'est pas facile, mais je crois qu'on a tous en nous un instinct de vie, enfoui quelque part. ( belle réference littéraire lol): " Le destin c'est moi qui le fait" et bien mine de rien, les petites phrases anodines font réfléchir.
Dans ma vie je me suis fixé des challenges, même tout simples (surtout tout simples au début): D'abord de manger à nouveau; ensuite d'arrêter de boire; ensuite les médocs; ensuite de me relaver (je ne me lavais plus)ensuite le shit etc, mais à mon rythme et puis maintenant j'en ai d'autres: passer mon capes, je me laisse 2 tentatives parce que trop de pression je ne supporte pas et ça j'en ai consience; perdre les 20 kg de ma grossesse (super dur) , et arrêter de fumer (peut etre en janv 2009 ou 2010). Le jour où je me leverai le matin pour aller bosser, que je mangerai sans crise de boulimie, et toutes ces petites choses qui font partie de la "normalité" même si je n'aime pas ce mot, et bien ce jour là je saurai que j'ai réussi.
Parfois j'ai honte, parfois je pleure (toujours en cachette) parfois je doute et j'ai besoin de parler. Peut être pourrez vous m'aider un peu??

Message #2

#2 Posté le par tamkhalft
Chère EMMA26 votre histoire est fabuleuse et bien voilà ce qu'on appelle un vrai courage, ta famille doit être très fière de vous, vu les épreuves difficilles que vous avez traversé.C'est très difficile et surtout dans votre cas c'est que vous étiez très consciente de votre cas, vous vouliez arrêter mais ce n'était pas facile , l'essentiel vous vous êtes accrochée et vous n'avez pas pu laisser les idées noires vous embrouiller en dernier.Toutes mes filicitations, vous donnez un bon exemple pour tous les gens en détresse et qui croient que leurs vies est fini mais c'est faux, il y a des personnes très courageuses qui arrivent à surmonter toutes épreuves difficilles comme la votre. Bon courage et très bonne continuation.Prenez soin de votre bout de choux et à bientôt si vous avez envie de parler car ce forum est très riche en contact qui soulage tout le monde sans à être jugé. Encore BRAVO..................

Message #1

#1 Posté le par lilo44
Emma tu reviens de loin !!!! Je crois que tu peux donner beaucoup d'espoir autour de toi avec ton histoire. Les drogues ne t'ont pas détruite, ça fait très plaisir à entendre, même venant d'une inconnue. Moi aussi j'ai eu des faiblesses du meme genre à une époque, et si j'avais pas tout fait pour reprendre goût à mon état naturel, je serais encore dans les états extrêmement désagréables que seules les drogues nous permettent d'atteindre!
Je te souhaite une belle vie avec ton homme et ton bébé, et courage... Et si t'as encore envie d'en parler n'hésite pas je suis là.