Speed et paranoïa

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Speed et paranoïa

#0 Posté le par Brighteyes

Bonjour,

Je suis une jeune femme qui aurait besoin d'information afin de conseiller sa soeur. En effet, ma soeur, âgée de 26 ans, a déjà consommé du speed ainsi que de l'exctasy dans un court laps de temps 1 ou 2 mois. Cet épisode s'est produit il y a plusieurs années (6 ans environ) et elle m'a raconté qu'elle avait vécu plusieurs "bad-trips" à saveur paranoïaque. En effet, même si elle était dans une boîte de nuit où la musique jouait à tue tête, elle était convaincue qu'elle entendait des conversations entre des gens qui passaient des commentaires sur elle. Elle a également eu peur de se rendre à sa voiture, croyant qu'on l'y attendait pour la tuer. Elle n'avait JAMAIS consommé de drogue auparavent et cette expérience s'était produite avec des gens qu'elle connaissait peu. De plus, elle n'avait pas une grande estime d'elle-même à l'époque. Son problème est le suivant: même si elle n'a plus consommé depuis 6 ans, elle angoisse parfois à l'idée qu'on cherche encore à lui nuire, et que même ses proches pourraient être responsables d'une conspiration contre elle. Elle m'a avoué qu'elle n'entendait plus de voix, qu'elle n'avait pas de visions, seulement le soupçon constant qu'on parle d'elle, qu'on la juge, etc. Elle ne correspond pas au profil de la personnalité paranoiaque. Elle n'a pas d'hypertrophie du Moi, au contraire, elle se soucie beaucoup de l'opinion des autres, ne se sent pas supérieure aux autres, n'a pas l'attitude d'un tyran. Elle est docile et affectueuse, n'a pas d'agressivité. Elle craint de se confier à un psychologue de peur qu'il la croit folle et qu'il lui enlève la garde de ses enfants. Elle m'expliquait que, maintenant, avec le recul, elle est capable de faire la part des choses et que cette paranoïa n'est pas omniprésente. Toutefois, elle vit encore des rechutes où il faut qu'elle se ressaisisse et se dise que ce n'est rien, que les gens ne se moquent pas d'elle ou de son apparence dans le métro par exemple. De plus, son impression de complot n'était pas dirigée vers un individu. Lorsque je l'interrogeais à savoir de quelle organisation il s'agirait si c'était vrai, de leur motifs, elle n'arrive pas à répondre, elle ne tente pas de me convaincre que c'est vrai non plus. Elle éprouve toutefois beaucoup de crainte, d'anxiété. Elle a peur d'avoir un accident en voiture, qu'un terroriste soit dans son wagon de métro, que l'éducatrice de la garderie perde son enfant lors d'une activité. Je me sens un peu limitée, j'aimerais la rassurer mais je ne sais trop comment.

Il est évident que la paranoïa a été induite par les substance qu'elle a prise, toutefois, est-ce que ça disparaitra éventuellement? Elle m'a mentionné qu'avec les années, les occurences s'espaçaient et étaient moins fortes. Elle m'explique toutefois qu'elle trouve épuisant et difficile de ne pas être confiante, en paix, de toujours craindre le pire.

J'aimerais avoir des pistes, savoir si ceci est normal pour quelqu'un qui a vécu un bad trip sévère. Il est évident que sa consommation ne s'est pas faite dans de bonnes conditions (lieux peu connus, gens peu connus, elle commençait à prendre du poids et être soucieuse d'elle-même, son copain l'Avait laissée).

Elle arrive facilement à se confier à moi, mais je crains de ne pas avoir assez de connaissances en la matière pour pouvoir l'aider à calmer son anxiété et ces épisodes de paranoïa....

Merci de votre attention

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je compatis

#2 Posté le par ImaJIneL

Moi non plus, je n'ai pas vécu de badtrip sévère, seulement un qui serait moyen peut-être. Oui, je sais que depuis ce temps-là, je suis un peu plus sensible qu'avant. On dirait que ça a exacerbé quelque chose qui existait déjà en moi comme faiblesse du Moi. Ce badtrip m'a amené à entendre des similis conversations "réelles" qu'on aurait sur moi. Très réaliste en effet, ça disait des choses comme "c'est laid son manteau, regarde la X elle se prend pour une autre, etc." En fait, tous les jurons que je déteste entendre à mon propos ou des fois même, les mots doux qu'un inconnu aurait pu faire sur moi si j'étais heureuse à ce moment-là. Plus j'y croyais, plus ça l'amplifiait, même si je n'étais plus sur un badtrip depuis des mois ou des années. Je n'avais jamais mis la "switch à off". Puis, je suis allée voir un bon psychothérapeute qui m'a aidé à réaliser la force de mon cerveau. Il m'a demandé de visualiser cette angoisse comme si un "méchant lutin" voudrait me contrôler, un peu... Puis c'était à moi de ne pas l'écouter. La façon de reconnaître si j'avais inventé la conversation chez l'autre ou pas, la mienne a été de ne pas la prendre pour acquis. Je me suis inventé un mécanisme qui me propose toujours une pensée positive en revanche et qui me demande "est-ce que j'ai bu? est-ce que j'ai besoin de repos? est-ce que mon moral va bien?", lorsque je sais que je vais mal, alors j'efface la conversation de ma mémoire et je me dis que je paranoie. Dans mon cas, l'inhibition fonctionne :) Plus je l'ai pratiquée, plus je me suis crue au dépend de ce "lutin de malheur".

Bien sûr, ma mère était décédée, j'ai vécu une ou deux ruptures amoureuses dans ce temps-là, les études allaient mal... ainsi, le psychothérapeute lui s'est concentré sur ces émotions et moi je me suis concentrée sur mes réactions mentales.

Je ne crois pas qu'ils enlèveraient ses enfants, surtout si elle fait signer une entente de confidentialité et qu'elle n'entre pas trop dans les détails de sa vie de famille et qu'elle se concentre positivement sur ses efforts. Combien de personnes ont une famille même s'ils prennent des médicaments pour maladie mentale. Je crois qu'elle risque davantage en ne faisant rien.

Moi aussi, j'ai ce côté fataliste et moi aussi j'ai arrêté de nourrir ce stress en regardant moins les nouvelles négatives et en me concentrant sur ma santé, mon régime alimentaire sain, de l'exercice, du plein-air... Le cerveau est capable d'inventer des rêves très réalistes alors il ne faut pas se juger si on invente des idées concrètes très réalistes. L'important c'est de faire la différence entre le fatalisme et la vraie réalité et à force, on s'engage vers le mieux-être. Justement, si elle est sensible à la critique, c'est vers la tangeante des problèmes paranoiaques... Il ne faut pas confondre avec les problèmes au bout du spectre comme Asperger et Autisme qui eux sont en lien avec un grand matérialisme du Moi. Quand on a des difficultés alimentaires, qu'on a des tendances à se juger et qu'on est émotives, je crois selon mon expérience qu'on est plus porté à confondre ce qui est exagéré ou une déduction pratique pour se protéger.

Bonne chance!!! Il faut surtout ne pas avoir peur d'aller consulter au moins pour les moments qui sont plus difficiles afin d'éviter les crises. C'est ta soeur qui doit avoir confiance en elle et elle en sera fière.

Message #1

#1 Posté le par moonheart1981

Salut!

Juste pour dire que je compatis avec ta soeur! Je n'ai jamais pris de drogue dure et je n'ai jamais fait de bad-trip, mais je fais beaucoup de lien entre ce qu'elle vit et mon vécu! Ce n'est peut-être pas la même cause, mes les symptômes restent similaires!

J'étais très anxieuse et le suis encore beaucoup dans certaine situation! Avant c'était pénible à vivre, aussitôt que je faisais quelque chose j'imaginais le pire. Je traversais la rue et j'imaginais un auto en arrivant à l'improviste me fauchant, j'entrais dans une maison avec un accumulation de neige sur le toit et j'avais peur qu'il s'effondre, j'étais toujours craintive lorsque j'allais au guichet de peur de voir un homme avec un fusil qui attendait ma sortie, lorsque j'étais en auto du côté passager, j'avais toujours peur que la personne perde le contrôle lorsqu'on croisait une voiture, etc.. Bref c'est très pénible à vivre, épuisant, démoralisant.

Pour moi ce qui à été bénéfique, à été le temps, l'exposition avec de l'aide adéquate pour travailler ma confiance, la gestion du stress et tout ce qui me chicotait! Un autre truc, c'est peut-être ridicule, mais ça m'a aidé, a été d'arrêter de regarder les bulletins de nouvelles.. Car j'enregistrais tout ce qui se passait et inconsciemment je le craignais encore plus par la suite dans la vie de tout les jours! L'écriture est très bien aussi pour savoir ce qu'on ressent et se comprendre lors de tel ou tel exposition.

Je ne veux pas mettre de pression, mais je crois que ça serait vraiment bien qu'elle consulte, pour évacuer son trop plein, pour être guider et conseiller! Je suis peut-être dans le champs, mais je ne crois pas qu'on lui enlèverait la garde pour ça, même au contraire, elle prouverait qu'elle veut le bien de tous! Puis il y en a qui consulte pour des problème encore plus pénible pour l'enfant, mais qui ont toujours la garde! (Mais avec la dpj c'est dure à dire car ils sont vraiment inconstants dans leur décision! Des fois ils interviennent pour des conneries et par la suite dans des cas lourds ils vont remettre les enfants aux parents! en tout cas compliquer tout ça!) Mais même à ça, il faudrait une plainte du professionnel avant la DPJ..

A+

Moonheart