Lorsque la fille de Manuel Vergara a été hospitalisée pour une appendicite, il a reçu une facture de 18 000 $. Les nouveaux résidents permanents du Québec doivent en effet attendre trois mois avant d'avoir droit au régime de l'assurance maladie.

«Il est inconcevable que des concitoyens n'aient pas les mêmes droits que les autres»,

dit Rachel Heap-Lalonde, de l'organisme Projet Genèse, dans Côte-des-Neiges.

L'organisme communautaire a déjà attiré l'attention du ministre de la Santé, Philippe Couillard, sur cette question. «Il nous avait demandé de lui prouver que des personnes étaient pénalisées. Nous avons recensé des cas qui le prouvent», ajoute Mme Heap-Lalonde.

Projet Genèse, dit Mme Heap-Lalonde, demandera au ministre de la Santé de corriger cette «situation discriminatoire».

La loi de la Régie de l'assurance maladie a été modifiée pour instaurer ce délai en 2001.

"Selon le gouvernement actuel, explique Jill Hanley membre du Projet Genèse, l'introduction de ce délai visait à harmoniser les lois québécoises avec celles de ses provinces voisines (l'Ontario et le Nouveau-Brunswick ont une période de trois mois de carence similaire, tout comme la Colombie-Britannique) en vue de prévenir le tourisme médical.

Par contre, le gouvernement, précise-t-elle, n'a jamais livré de statistiques ni de résultats de recherche pour justifier sa crainte du « tourisme médical ». Il n'a fourni qu'une estimation approximative selon laquelle il aurait essuyé une perte de deux millions de dollars causée par des « abus » du système de santé (le budget consacré à la santé s'élève à plusieurs milliards de dollars) sans préciser le rôle, s'il y en a un, des immigrants dans ces prétendus abus.

L'argumentation est peu convaincante, étant donné « l'effet de l'immigrant en bonne santé » (...). Non seulement les immigrants doivent-ils se soumettre à une évaluation médicale avant de pouvoir entrer au Canada mais nombre d'entre eux évitent de demander des soins pour traiter des problèmes de santé mineurs (...). Ils craignent que le fait d'être fichés comme des personnes malades pourrait nuire à une éventuelle demande de citoyenneté canadienne."

Sources:
Canoe
Réseau canadien pour la santé des femmes