Des chercheurs de l'University College de Londres ont mené, en utilisant un environnement virtuel, une expérience similaire à la célèbre expérience du psychologue Stanley Milgram sur l’obéissance à l'autorité dans les années 60.

Dans l'expérience de Milgram on demandait à un sujet de faire passer une série de tests à un patient situé dans une pièce voisine. Lorsque ce dernier se trompait dans ses réponses, on lui envoyait une décharge électrique extrêmement douloureuse.
En fait, le “patient” était un acteur, ce qu’ignorait bien entendu celui qui était en charge des “punitions”. L'expérience a montré que dans un très grand nombre de cas, les personnes testées acceptaient d’envoyer des doses létales d’électricité, du moment que l’ordre leur était donné par la personne représentant l’autorité. Des expériences comme celles-ci, causant un tort aux participants, ont ensuite été interdites pour des raisons éthiques.

Le professeur Mel Slater a effectué la même expérience mais avec cette différence : le “patient” était un personnage féminin virtuel. Les participants savaient que leur partenaire était irréel. Un premier groupe communiquait avec lui via une interface texte. Un second groupe était immergé dans un environnement graphique et voyait de leur interlocutrice une représentation tridimensionnelle. Dans le premier groupe, tous les participants administrèrent les 20 chocs demandés. Dans le second, trois personnes donnèrent 19 décharges, tandis que trois autres en provoquaient respectivement 18, 16 et 9.

On demanda ensuite aux participants s’ils avaient envisagé d'arrêter l’expérience. La moitié du second groupe répondit avoir été tenté de le faire. Et l’analyse de leurs réactions physiologiques, telles que leur rythme cardiaque, a montré qu’effectivement ils réagissaient comme en situation réelle.

Une telle expérience suscite des interrogations éthiques. William Dutton, de l’Institut Internet de l’Université d’Oxford, objecte : “Les gens restent affectés par les actes qu’ils ont commis, cela constitue donc encore un problème éthique, même dans un environnement virtuel“.

Selon le chercheur, “Bien entendu, chacun sait qu’il ne produit en fait rien de grave. Mais certaines parties du système de perceptions considèrent néanmoins les évènements comme authentiques. Il y a des parties du cerveau qui ignorent ce qu’est la réalité virtuelle“.

Ce phénomène peut être rapproché de celui constaté par le groupe des interfaces avancées de l’Université de Manchester qui a mis au point une technologie consistant à “tromper” le cerveau des personnes amputées en leur donnant le contrôle d’un membre “virtuel”, supprimant ainsi les douleurs liées à la disparition d’un bras ou d’une jambe.

Psychomédia avec source: Futura Sciences.
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