L'écrivaine québécoise Anaïs Barbeau-Lavalette a récemment remporté le Prix littéraire France-Québec 2016 et le Grand Prix du livre de Montréal 2016 pour son roman La femme qui fuit (2015, Éditions Marchand de feuilles). Elle a aussi reçu le Prix des libraires du Québec 2016.

La femme qui fuit raconte l'histoire de sa grand-mère, Suzanne Meloche, poète et peintre automatiste qui, alors conjointe du peintre Marcel Barbeau, abandonna ses enfants en bas âge.

Anaïs Barbeau-Lavalette ne savait presque rien de sa grand-mère avant sa mort, en 2009, rapporte Pascale Millot dans La Gazette des femmes. « Dans la famille, on en parlait peu. (...) Le frère d’Anaïs (...) a souvent essayé de renouer les fils de l’histoire du vivant de sa grand-mère. Mais chaque fois qu’il lui téléphonait, elle raccrochait, refusait de lui parler. »

« C’est quand il a fallu vider l’appartement de Suzanne, à Ottawa, que le projet de La femme qui fuit a commencé à germer. »

« C’est une artiste de la trempe, disent les historiens de l’art, de Claude Gauvreau, dont elle fut l’amie », rapporte Pascale Millot. « Les aurores fulminantes, son unique recueil de poèmes (publié aux Herbes rouges en 1980, d’après un manuscrit trouvé dans les archives de Paul-Émile Borduas), atteste de ce talent brut, rebelle, sauvage. »

« Elle fréquente Borduas, Luce Guilbeault, Marcelle Ferron et les autres, tombe amoureuse du peintre et sculpteur Marcel Barbeau, qu’elle épouse. En 1948, elle signe le manifeste Refus global (...). »

« Barbeau et elle ont deux enfants, mais la vie est difficile pour ces artistes qui ont défié les pouvoirs en place et en ont payé le prix : ils partent vivre à la campagne. Il fait froid, ils ont faim. Les toiles sont rares. Marcel repeint sur les tableaux de Suzanne. Puis il part pour de grandes aventures artistiques, à New York notamment. Elle reste seule avec ses enfants, sa soif de création, d’absolu et d’amour, avant de partir à son tour, laissant les petits derrière elle. »

« Afin de remonter le cours de la vie de cette femme à la fois révoltée et révoltante », peut-on lire dans la présentation de l'éditeur, « l'auteur a engagé une détective privée. Les petites et grandes découvertes n'allaient pas tarder ».

« Enfance les pieds dans la boue, bataille contre les petits Anglais, éprise d'un directeur de conscience, fugue vers Montréal, frénésie artistique des Automatistes, romances folles en Europe, combats au sein des mouvements noirs de l'Amérique en colère; elle fut arracheuse de pissenlits en Ontario, postière en Gaspésie, peintre, poète, amoureuse, amante, dévorante… et fantôme.

La femme qui fuit est l'aventure d'une femme explosive, une femme volcan, une femme funambule, restée en marge de l'histoire, qui traversa librement le siècle et ses tempêtes.

Pour l'auteure, c'est aussi une adresse, directe et sans fard, à celle qui blessa sa mère à jamais. »

Anaïs Barbeau-Lavalette a publié un autre roman, « Je voudrais qu’on m’efface » (2010, Hurtubise) et des chroniques de voyages, « Embrasser Yasser Arafat : chroniques palestiniennes » (2011, Éditions Marchand de feuilles). Réalisatrice, elle a tourné plusieurs documentaires, courts-métrages et longs-métrages, dont plusieurs en collaboration avec son conjoint Émile Proulx-Cloutier.

Psychomédia avec sources : Marchand de feuilles, La Gazette des femmes.
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