Les bébés placés dans des incubateurs à la naissance auraient 2 à 3 fois moins de risques de souffrir de dépression une fois jeunes adultes selon une récente recherche publiée dans la revue Psychiatry Research.

David Gourion, Richard Tremblay de l'Université de Montréal et leurs collègues ont réalisé cette étude avec 1212 enfants ayant fait l’objet d’une étude longitudinale lancée en 1986.

Les données concernant leur état à la naissance, les complications obstétriques et les soins en incubateur ont été extraites des dossiers médicaux des hôpitaux. Des données sur les troubles psychiques et la dépression ont été recueillies auprès des mères et des sujets eux-mêmes lorsqu’ils avaient 15 ans et 21 ans.

L'hypothèse des chercheurs étaient que la séparation hâtive mère-enfant augmenterait le risque de dépression à l’adolescence et à l’âge adulte.

"Chez les mammifères, la séparation précoce entre la mère et l’enfant après la naissance induit un stress majeur qui se traduit par des perturbations endocriniennes et comportementales importantes et persistantes à l’âge adulte", explique David Gourion.

Les chercheurs ont constaté au contraire que parmi les enfants placés en incubateurs (16,5 %), 5% avaient souffert de dépression majeure avant l’âge de 21 ans comparativement à 9% pour ceux qui ne l'avaient pas été.

Ce lien entre risques de dépression et soins en incubateur était présent indépendamment d'autres facteurs tels que le poids à la naissance, la présence ou pas de dépression de la mère et autres.

Les filles étaient 3 fois moins susceptibles de souffrir de dépression avant l’âge de 15 ans si elles avaient reçu des soins en incubateur à la naissance. Ce lien n'était pas observé chez les garçons. Cet écart peut être attribuable au fait qu’un plus grand nombre de filles souffrent de dépression à l’adolescence et que les garçons sont aux prises avec ce problème plus tardivement.

Le lien entre les soins en incubateur et la diminution du risque de dépression pourrait être dû à des causes directes et indirectes, considèrent les chercheurs.

D’une part, les incubateurs permettent de contrôler et d’ajuster plusieurs éléments comme la température du corps, l’oxygénation du cerveau, le bruit environnant et la photothérapie qui peuvent avoir des effets sur le développement neuronal.

D’autre part, la mère d’un bébé placé en incubateur peut percevoir son enfant comme vulnérable et lui accorder plus de soins et d’attention tout au long de son enfance. Cette relation privilégiée pourrait raffermir la résilience de l’enfant et lui permettre de mieux faire face à l’adversité.

Cette dernière hypothèse est soutenue par les travaux qui montrent, chez le rat, que la qualité du maternage postnatal influence la méthylation de l’ADN au point de moduler la réponse endocrinienne au stress chez le raton.

PsychoMédia avec source:
Université de Montréal, Nouvelles