"En Belgique, la prescription d'antidépresseurs a presque doublé entre 1997 et 2004 (...) selon une étude de la Mutualité socialiste dont les résultats ont été dévoilés lors d'une conférence de presse.

En 2004, 11,3% des Belges se sont vu prescrire un antidépresseur. Cette augmentation n'est pas spécifique à notre pays, la France et la Grande-Bretagne par exemple étant confrontées à un phénomène similaire.

Paradoxalement, selon les Mutualités socialistes, les études récentes soulignent à la fois une prise en charge insuffisante des troubles dépressifs mais aussi un recours parfois trop rapide au traitement médicamenteux et une prescription parfois en dehors des indications.

(...) «La croissance de la prescription d'antidépresseurs est essentiellement une croissance en volume », souligne Jean-Marc Lansman qui a réalisé cette étude. «On note une augmentation du nombre de patients traités mais aussi une augmentation équivalente des quantités prescrites par patient », poursuit-il.

(...) Selon les chiffres des Mutualités socialistes, 11,3 pc des Belges ont consommé des antidépresseurs en 2004, et ce chiffre atteint 14,5 pc parmi les plus de 18 ans. «Pourtant, on estime qu'entre 2 et 4 pc de la population serait traitée par antidépresseurs pour des symptômes de dépression et on sait d'après des études qu'environ la moitié des personnes souffrant de dépression ne viennent pas consulter », ajoute Jean-Marc Lansman.

Parmi les patients sous antidépresseurs, on retrouve deux fois plus de femmes que d'hommes. Par ailleurs, 37 pc des invalides sont sous antidépresseurs.

Il y a également plus de chômeurs que d'actifs sous antidépresseurs et près d'une personne sur deux en maison de repos.

(...) Enfin, l'étude a suivi la prescription d'antidépresseurs de plus de 100.000 patients durant trois ans. Les chiffres montrent que 60 pc d'entre eux ont arrêté leur traitement avant trois mois et que 49 pc se sont vu prescrire une seule boîte. «Ce résultat est interpellant quant on sait que la dépression ne peut en aucun cas se traiter en un mois », déclare Jean-Marc Lansman.

«Cela tendrait à prouver une prescription médicamenteuse trop rapide, essentiellement en première ligne, même s'il ne faut pas stigmatiser les médecins généralistes. En effet, il faut souligner la difficulté de diagnostiquer les patients atteints de formes de dépression légère ou modérée », indique-t-il.

Et de conclure en insistant sur la nécessité de favoriser les traitements non-médicamenteux dans le cadre de dépressions mineures, comme des entretiens d'accompagnement réguliers du patient ou des périodes de thérapie cognitive comportementale."

PsychoMédia avec Source:
Lalibre.be

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