Selon une étude de l'Université de Georgia (É-U), pour 3/4 des gens qui reçoivent une prescription d'antidépresseurs, 80% de ceux qui reçoivent un antiépileptique et 64% de ceux qui reçoivent un antipsychotique, la raison n'est pas approuvée par la FDA (Food and Drug Administration, l'autorité de surveillance des médicaments américaine).

La prescription hors autorisation de mise sur le marché (AMM, en anglais "off-label") est légale et a pour but de donner aux médecins la flexibilité de prescrire les médicaments les mieux appropriés aux besoins des patients. Les auteurs affirment toutefois que, dans plusieurs cas, les médecins font des prescritions qui dérogent de l'usage approuvé sur la base d'informations limitées et anecdotiques.

Dans 70 à 75% des cas de prescriptions hors de l'usage approuvé, les raisons évoquées manquent de support scientifique. Plusieurs patients, disent les auteurs, n'ont aucune idée de cette réalité et assument simplement que leur médecin leur fait une prescription approuvée pour leur condition.

Les chercheurs ont examiné les données sur les prescriptions faites à 107 000 bénéficiaires de Médicaid en 2001.

Les résultats montrent que pour 75% des gens qui reçoivent un antidépresseur, 80% de ceux qui reçoivent un antiépileptique et 64% de ceux qui reçoivent un antipsychotique, la raison est non approuvée.

Il s'agit selon les auteurs d'une faille importante dans le système de sécurité des médicaments. Il y a un grand fossé, considèrent-ils, entre les processus très stricts d'approbation des médicaments et la pratique d'utilisation très libérale.

Dans le cas du Neurontin (Gabapentine), un médicament pour l'épilepsie et les nerfs endommagés, 98% des patients l'ont reçu pour une autre raison que l'utilisation approuvée. Ce médicament est fréquemment prescrit pour le trouble bipolaire et pour des conditions telles que la migraine et les douleurs au dos.

Bien que la prescription hors autorisation de mise sur le marché (AMM) soit légale, les compagnies pharmaceutiques ne peuvent en faire la promotion à moins que les recherches supportent cette utilisation. En 2004, la compagnie Pfizer a plaidé coupable et payé $430 million d'amende pour avoir, par l'intermédiaire de ses représentants, fait la promotion du Neurontin pour des utilisations non approuvées. L'an dernier, la FDA a demandé à Pfizer de revoir ses données pour évaluer si le Neurontin est lié à des tentatives de suicide.

Le taux élevé de prescriptions hors AMM d'antidépresseurs est attribuable selon les chercheurs au fait que certains symptômes se retrouvent dans une variété de maladies mentales. En ce qui concerne les antipsychotiques puissants et les antiépileptiques pour les ainés, leurs prescriptions non approuvées soulignent le manque de traitements efficaces pour la maladie d'Alzheimer et d'autres formes de démence.

Les auteurs évaluent qu'une plus grande emphase sur une médecine basée sur des données plutôt que sur des indications anecdotiques assurerait une plus grande sécurité. Ils incitent également les médecins à informer les patients quand et pourquoi ils prescrivent en dehors des utilisations approuvées.

Ils encouragent les patients, dans tous les cas et pour tous les médicaments, à poser des questions à leur médecin et à leur pharmacien, sur les raisons pour lesquelles un médicament leur est prescrit.

Cette étude apparaît dans le numéro de juin du Journal of Clinical Psychiatry.

Psychomédia avec source:
Eurekalert