L'Autorité de la concurrence française a imposé, le 14 mai, une amende de 40,6 millions d'euros au laboratoire pharmaceutique Sanofi pour "abus de position dominante" et "stratégie de dénigrement".

Sanofi est accusé d'avoir utilisé une stratégie de dénigrement à l'encontre des génériques de l'antiagrégant plaquettaire Plavix auprès des médecins et des pharmaciens afin de limiter leur entrée sur le marché et de favoriser ses propres produits, le princeps Plavix ainsi que son autogénérique Clopidogrel Winthrop.

Le Plavix, dont le brevet est échu en 2009, était l'un des médicaments les plus vendus de Sanofi et le quatrième médicament le plus vendu au monde. En 2008 et 2009, il générait un chiffre d'affaires mondial de 2,6 milliards d'euros.

Pour compenser l'érosion des ventes, Sanofi avait mis sur le marché son propre générique, le Clopidogrel Winthrop, qui utilisait le même sel que le princeps. Cette différence ne jouait aucun rôle quant aux propriétés thérapeutiques du générique, estimait l'Agence française du médicament mais les visiteurs médicaux avaient pour mission de développer "un discours à caractère trompeur" en utilisant cet argument pour semer le doute.

Sanofi recommandait aux médecins de "faire obstacle à la substitution générique en faisant usage de la mention 'non substituable' et aux pharmaciens de se fournir en 'copie conforme' à savoir le Clopidogrel Winthrop".

Le discours a été efficace car selon une étude de l'Assurance maladie, de juin 2012, la molécule de clopidrogel (principe actif du Plavix) présente le plus fort taux de mentions "non substituable". Ce qui a entraîné pour l'Assurance maladie une perte de 38 millions d'euros, estime la Cnamts.

La France est l'un des pays européens qui prescrit le moins de génériques, selon une étude publiée en décembre 2012 par l'Agence du médicament (ANSM).

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