Les logiciels d'aide à la prescription, largement utilisés dans les hôpitaux, ont conduit à des erreurs de prescription de médicaments parfois fatales, selon un rapport que s'est procuré Le Parisien.

En 2011, le ministère de la Santé a demandé aux hôpitaux de mettre fin aux ordonnances papiers afin de limiter les erreurs (notamment de mauvaise écriture ou d'incompréhension entre le médecin et les infirmiers). Désormais, les prescriptions médicales doivent être saisies sur ordinateur. Mais ces programmes informatiques, qui apportent aussi une aide à la prescription, ne sont pas tous au point (ou la façon de les utiliser) et sont aussi une source d'erreurs.

Les logiciels peuvent suggérer des médicaments et des dosages en fonction des pathologies et alertent le médecin si les médicaments qu'il compte prescrire sont inefficaces ou dangereux lorsqu'ils sont en interaction. Mais plusieurs services hospitaliers ont repéré des erreurs dans les résultats donnés par les logiciels.

En 2011, indique le rapport, une dame est décédée à l'hôpital à la suite d'une prescription d'amoxicilline, un antibiotique auquel elle était allergique. Cette information était inscrite dans son dossier médical, mais n'a pas été prise en compte par le logiciel d'aide à la prescription.

"Il n'est pas possible de sécuriser une prescription en fonction de la notion d'allergie", note le rapport de la commission régionale de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux d'Ile-de-France, suite à la plainte de la famille. "Il n'y a pas d'alarme activée si un traitement pour lequel le patient a une allergie est prescrit. La seule possibilité dont dispose le clinicien est d'insérer manuellement cette information".

La Haute autorité de santé a actuellement certifié 26 logiciels sur une centaine en circulation. Mais l'obligation de certification, promise depuis 2011, ne sera effective qu'en 2015.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a affirmé que les logiciels dysfonctionnels seront retirés. "Cependant, je veux rappeler que le logiciel ne peut se substituer à la prescription personnalisée, individualisée, par le médecin", a-t-elle déclaré sur Europe 1. Cette affaire, estime-t-elle, est "une incitation supplémentaire" à la mise en place d'un dossier médical électronique unique pour chaque patient, qui serait transmis du médecin traitant à l'hôpital.

À la défense de la prescription assistée par logiciel, une étude intéressante, publiée plus tôt dans la revue Artificial Intelligence in Medicine plus tôt cette année, illustrait le potentiel des systèmes informatiques pour améliorer le diagnostic et le traitement. Les chercheurs ont analysé les données concernant des personnes qui avaient reçu un diagnostic de dépression majeure combiné à d'autres problèmes de santé chroniques. Une comparaison de la performance actuelle de leur médecin et de celle des modèles informatiques développés montrait une meilleure performance de ces derniers : un coût beaucoup moindre et des résultats pour les patients de 30 à 35 % supérieurs.

Il semble de plus en plus évident, disaient les chercheurs, que les décisions de traitement complexes pourraient être mieux prises grâce à des modélisations qui reposent sur de grandes bases de données plutôt que sur la seule intuition d'une personne, expliquent les chercheurs. Les médecins, disaient-ils, ne peuvent tout simplement pas avoir en tête toutes les informations pertinentes qui sont extrêmement nombreuses. Par exemple, précisaient-ils, le délai actuel de transfert des nouvelles connaissances issues de la recherche dans les soins cliniques est de 13 à 17 ans. Les patients, soulignaient-ils, reçoivent un diagnostic et un traitement corrects moins que la moitié du temps lors d'une première consultation aux États-Unis.

Mais, non seulement ces logiciels doivent-ils être soigneusement développés et expérimentés, des protocols d'utilisation sécuritaire doivent aussi être soigneusement mis au point. Si un système ne tient pas compte des allergies, par exemple, les médecins doivent en être conscients...

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