La France est l’un des pays développés ayant la forte consommation de médicaments par habitant et, semble-t-il, la plus forte proportion de prescriptions non conformes, confirme un rapport remis ce lundi à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, par les Professeurs Dominique Costagliola et Bernard Begaud, pharmacologues et épidémiologistes.

En février dernier, alors que la prescription prédominante des pilules contraceptives de 3e et 4e générations, à l'encontre des recommandations, était largement rapportée par les médias, la ministre avait confié aux deux experts la mission de proposer des méthodes visant l'amélioration des comportements de prescription.

Sont donnés, à titre illustratif, quelques exemples de médicaments largement prescrits de façon non conformes : les antibiotiques, les statines, les psychotropes et les antiulcéreux… « Pour les principales classes de médicaments pour lesquelles on dispose de données comparatives, la France apparaît à chaque fois comme le pays le plus fort consommateur et celui dans lequel la prescription semble le plus fréquemment s’éloigner des recommandations et des données de la science », affirme le rapport.

Les impacts sanitaires et économiques sont considérables : des centaines de milliers de cas de maladies, complications et effets secondaires qui pourraient être évités et « certainement plus de dix milliards d’euros par an », estime de rapport.

« Tous les rapports rédigés depuis 20 ans et s’étant intéressés à l’usage des médicaments en France (...) ont souligné l’insuffisance de la formation initiale des professionnels de santé français (particulièrement celle des médecins) en matière de médicament », souligne le rapport. « La formation continue des médecins est également jugée, à chaque crise secouant le pays, insuffisante, peu suivie, inadaptée et contrôlée par l’industrie pharmaceutique. »

Les recommandations concernent « trois leviers majeurs » sur lesquels agir :

  • « celui de la connaissance en temps réel de ce qui se prescrit, à qui, comment et pourquoi » ;

  • celui de la formation initiale et continue des professionnels de santé, « en général trop peu entraînés aux raisonnements de base qui fondent la bonne prescription et l’usage rationnel » ;

  • « celui d’une information immédiatement disponible et accessible pour ces professionnels et de messages clairs à destination de la population qui, du fait du laisser-faire et des erreurs passés, a perdu ses repères sur la nature et la place réelle du médicament en santé ».

Consulter le rapport : Rapport sur la surveillance et la promotion du bon usage du médicament en France

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Psychomédia avec source : Ministère de la Santé.
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