Une nouvelle technologie d’imagerie cérébrale, la magnétoencéphalographie (MEG), permet d’observer l’activité de son cerveau en temps réel afin de contrôler ou d'adapter les fonctions dans des régions spécifiques (ce qui est appelé rétroaction neurologique ou neurofeedback), montre une étude publiée dans la revue NeuroImage. Ce qui représente un potentiel thérapeutique pour de nombreuses atteintes neurologiques et neuropsychiatriques.

La magnétoencéphalographie est une technologie d’imagerie non effractive (non invasive) qui mesure les minuscules champs magnétiques générés par les circuits nerveux du cerveau avec une précision de l’ordre de la milliseconde.

Le rétroaction neurologique consiste à visualiser de l’information physiologique représentant l'activité de régions spécifiques du cerveau dont on n’a pas conscience, au moment où cette activité se produit, et d’utiliser cette information pour s’exercer à l’autorégulation.

Par exemple, la rétroaction neurologique pourrait aider les épileptiques à s’exercer à modifier l’activité de leur cerveau afin d’éviter une crise.

Sylvain Baillet et ses collègues de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal (le Neuro), affilié à l’Université McGill, ont mené une étude de validation de concept avec des participants qui ont eu 9 séances de MEG. Ils devaient regarder un disque de couleur sur un écran et trouver leur propre stratégie pour faire passer la couleur du disque de rouge à blanc-jaune et maintenir cette couleur le plus longtemps possible.

La couleur présentée correspondait à l’activité dans des régions prédéfinies du cortex moteur du cerveau. Elle changeait selon une combinaison prédéfinie d’activité lente et plus rapide dans ces régions. Pour les besoins de l’étude, les chercheurs ont combiné des données de MEG et d’IRM.

"Ce qui est remarquable est qu’à chaque séance de formation, les participants arrivaient à atteindre l’objectif de plus en plus vite, même si nous augmentions la difficulté à chaque séance, à la manière dont on hausse la barre dans une compétition de saut en hauteur. Ces résultats montrent que les participants ont réussi à se servir de la rétroaction neurologique pour modifier le déroulement de l’activité de leur cerveau selon un objectif défini d’avance dans des régions précises de leur cortex moteur, sans qu’aucune partie du corps fasse de mouvement", rapporte le chercheur.

Ces résultats ouvrent la voie à la MEG comme approche thérapeutique. "À ce jour, les travaux menés avec des épileptiques sont les plus prometteurs, mais le recours à la MEG offre un grand potentiel dans le cas d’autres syndromes neurologiques et troubles neuropsychiatriques (p. ex. AVC, démence, troubles du mouvement, dépression chronique, etc.). La MEG pourrait révéler la dynamique des activités du cerveau intervenant dans la perception, la cognition et le comportement : elle permet déjà de mieux comprendre les fonctions cérébrales (langage, contrôle de la motricité, perception visuelle et auditive, etc.) et les dysfonctions cérébrales (troubles du mouvement, acouphène, douleur chronique, démence, etc.)."

"En collaboration avec la Pre Isabelle Perez de l’Université de Montréal, le Pr Baillet et son équipe utilisent cette technique avec des personnes atteintes d’a href="http://www.psychomedia.qc.ca/lexique/definition/amusie">amusie, un trouble qui les empêche de reconnaître la hauteur tonale en musique. L’hypothèse est que l’amusie résulte d’une mauvaise connectivité entre le cortex auditif et les régions préfrontales du cerveau. L’équipe de recherche mesure l’intensité de la connectivité fonctionnelle entre ces régions du cerveau chez des personnes amusiques et des sujets-témoins. En utilisant la rétroaction neurologique par MEG, l’équipe espère tirer parti de la plasticité du cerveau pour renforcer la connectivité fonctionnelle entre les régions cibles du cerveau. En cas d’amélioration de la discrimination de la hauteur tonale chez les participants, cela confirmera les applications cliniques et réhabilitantes de l’approche."

Photo : MEG, Université McGill

Psychomédia avec sources: Université McGill.
Tous droits réservés