Contre la punition physique Posté le Jeudi 17 Août 2000 par Gestion

Au symposium international de victimologie qui s'est tenu à Montréal récemment, le psychologue Camil Bouchard, chercheur à l'UQAM, a lancé un appel à la société et aux parents pour qu'ils renoncent aux châtiments corporels encore imposés aux enfants. Selon une enquête sur la violence familiale au Québec, publiée en juin dernier, les réponses de 2500 mères interrogées révèlent que 48% des enfants ont fait l'objet de violence physique mineure (taper sur les fesses, le pincer, le secouer) au moins une fois dans les douze mois précédents et huit enfants sur dix ont vécu de l'agression psychologique (crier contre l'enfant, jurer à son endroit). Le recours aux châtiments corporels atteint un sommet alors que l'enfant a trois ans puis diminue constamment par la suite. La punition physique est-elle moins nécessaire parce que l'enfant peut davantage comprendre et négocier en grandissant? Les données de l'enquête indiquent que ce facteur ne joue pas. Selon M. Bouchard, ce qui joue, c'est le poids et la force de l'enfant. La capacité des adolescents de se défendre inciterait les parents à recourir moins fréquemment à l'agression physique.

M. Bouchard estime que "la tape règle surtout le problème des parents, le problème de trop-plein de frustration. On ne voit pas ce que les enfants apprennent. Ils apprennent seulement à éviter la tape, c'est-à-dire à éviter certains comportements en présence de celui qui donne la tape".

Pour M. Bouchard, frapper une autre personne pour arriver à ses fins soulève la question des droits fondamentaux. Il considère notre hésitation, comme population, à renoncer à la violence envers les enfants comme la manifestation d'un vieux relent de discrimination envers eux. Selon lui, les gouvernements devraient assumer un rôle de leader moral. Le gouvernement fédéral, en particulier, devrait abolir l'article 43 du Code criminel qui permet aux parents d'"employer la force pour corriger un enfant (...) pourvu que la force ne dépasse pas la mesure raisonnable dans les circonstances".

André Pratte, Appel aux parents à renoncer aux châtiments corporels, La Presse (Montréal, Québec), 11 août 2000.