L’Agence française de sûreté nucléaire (ASN) a organisé un point d'information pour les média lundi le 28 mars 2011 et publié un communiqué sur la situation de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, les conséquences au Japon et la situation en France. En voici des grandes lignes.

Situation de la centrale de Fukushima

La situation reste précaire. De nouvelles défaillances de matériels ne sont pas à exclure. L’eau présente dans le hall des turbines des réacteurs 2 et 3 est fortement réactive, conduisant à un débit d’équivalent de dose de 1000 mSv et 750 mSv par heure. Comme référence rappelons que la limite annuelle de dose pour les travailleurs en situation d’accident nucléaire au Japon a été relevée à 250mSv par année.

Ces analyses, associées aux valeurs de pression mesurées dans les cuves (enceintes métalliques) semblent indiquer la perte d’étanchéité des cuves 2 et 3 ou de leurs circuits de connexion. Le pronostic d’évolution des réacteurs n°1 à 3 devrait rester très incertain pendant les prochaines semaines.

Radioactivité

Des mesures réalisées en mer indiquent que la contamination du milieu marin est importante et en augmentation. Le 26 mars, la radioactivité de l’eau prélevée à 300 mètres au large de la centrale était environ 1850 fois supérieure à la valeur relevée en temps normal.

Des taches de contamination radioactive sont présentes «bien au-delà» de la zone de sécurité de 30 km autour de la centrale, selon l'ASN. «Il n'est pas du tout étonnant qu'on trouve ici ou là des contaminations bien au delà d'un rayon de 100 km», précise son président André-Claude Lacoste. «La gestion des territoires contaminés va prendre des années sinon des décennies», ajoute-t-il.

Des dépôts de radioactivité au sol et sur les végétaux ont été constatés au-delà de la zone d’évacuation (20 km) et de mise à l’abri (30 km). Ces dépôts dépassent dans certains cas les valeurs admissibles pour les denrées alimentaires définies par la réglementation japonaise.

Dans la région de Tokyo, les mesures disponibles des autorités japonaises et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ne montrent pas d’évolution significative et demeurent faibles. Des valeurs de contamination surfacique, relevées dans un quartier de Tokyo, ont sensiblement augmenté du fait de la pluie le 22 mars et restent à stables.

Conséquences en France

L’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) procède à l’analyse de prélèvements dans l’environnement en France métropolitaine (notamment eaux de pluie, herbe, différents types de laits). Des résultats montrent la présence d’iode radioactive à des niveaux très faibles, sans impact sanitaire pour les populations ou l’environnement.

La radioactivité des masses d’air est actuellement trop faible pour être détectée par les balises Téléray, tant en métropole qu’outre-mer. Des analyses complémentaires sont réalisées pour quantifier la présence de substances radioactives dans l’atmosphère sous forme gazeuse ou particulaire.

En ce qui concerne les importations de denrées alimentaires, les flux d’importation de denrées animales et végétales (fruits, légumes) en provenance du Japon sont interrompus. Un règlement européen prévoit des contrôles systématiques au départ du Japon pour vérifier le respect des normes admissibles en césium 134 et 137 et en iode 131 et un contrôle par échantillonnage à l’arrivée. Le niveau de contamination des produits non alimentaires en provenance du Japon devrait être nul ou très limité.

L’ASN a ouvert une rubrique Questions fréquentes sur son site internet et mis en place une ligne d'information (08 05 33 34 35, 8 h à 22 h, appel non surtaxé depuis une ligne fixe).

Greenpeace a de son côté indiqué ce lundi que, dans son rapport rédigé pour le bureau allemand de l'association, le professeur Helmut Hirsch a classé ce lundi l'accident au niveau 7 de l'échelle INES (International nuclear event scale), comme celui de Tchernobyl en 1986. L'ASN se refuse à toute nouvelle déclaration sur le classement de l'accident. Elle avait relevé son estimation du niveau 4 à 6 (accident grave) le 15 mars dernier, plaçant la situation entre Three Mile Island et Tchernobyl.

Psychomédia avec sources:
ASN, Le Parisien, Le Nouvel Observateur
Tous droits réservés