Ce lundi, Tepco a commencé à rejeter 11.500 tonnes d'eau «faiblement radioactive», accumulées dans la centrale de Fukushima, dans l'océan Pacifique. Cette eau provient, pour une très grande partie, de réservoirs que la société a décidé de vider pour y reverser un autre volume d'eau hautement radioactive qui a été utilisée pour refroidir les barres de combustible des réacteurs endommagés.

L’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a publié, ce lundi, une note d’information sur l’impact sur le milieu marin des rejets radioactifs. Un document accompagnant la note présente notamment des simulations sur la dispersion proche et à grande échelle dans le Pacifique.

L'IRSN, précise Didier Champion, directeur de l'environnement et de l'intervention, ne dispose pas de données précises sur la concentration en particules radioactives de l'eau rejetée, mais estime qu'il peut effectivement s'agir, comme l'affirme Tepco, d'eau faiblement radioactive, rapporte Le Figaro. Cependant, précise-t-il, cette eau est versée dans une mer déjà «fortement contaminée». Une brèche de 20 cm a en effet été découverte ce week-end dans le béton d'une fosse de maintenance et de l'eau hautement radioactive s'écoule depuis plusieurs jours directement dans le Pacifique.

Pour M. Champion, «il est clair qu’en termes d’impact sanitaire sur l'homme, les rejets à la mer ne sont pas une priorité, ce sont les retombées atmosphériques et la contamination des sols agricoles qui doivent l’être», rapporte Libération.

"L’impact sera concentré sur le littoral au nord de la centrale, indique le spécialiste. Lorsque les activités de pêche et d’aquaculture reprendront, il faudra un plan de surveillance des produits de la mer et des sédiments. "Il faudra regarder certaines espèces avec attention, comme les poissons sédentaires et à très court terme les algues brunes qui sont très avides d'iode. Le risque essentiel, à plus long terme c’est l’accumulation du césium-137 dans la vase». Le long du littoral, la contamination va se diluer lentement, au rythme des marées. Plus au large, la contamination sera reprise par le grand courant du Kuroshio et diluée dans le Pacifique".

Les éléments radioactifs de courte période radioactive, tels que l’iode 131 (131I), ne seront détectables que pendant quelques mois (la radioactivité de l’iode 131 est divisée par 1000 tous les 80 jours), précise la note d'information. D’autres, comme le ruthénium 106 (106Ru) et le césium 134 (134Cs) persisteront dans l’environnement marin pendant plusieurs années. Le césium 137 (137Cs) a une période radioactive longue (30 ans).

L’accumulation dans les espèces vivantes pourraient conduire à des concentrations supérieures à celles mesurées dans l’eau d’un facteur 10 à quelques milliers suivant le radionucléide et l’espèce considérés. Par exemples, pour le césium, les facteurs de concentration varient de 50 pour les mollusques et les algues à 400 pour les poissons. Pour l’iode, les facteurs de concentration varient de 15 pour les poissons à 10 000 pour les algues. Des programmes de surveillance radiologique des espèces végétales et animales entrant directement ou indirectement dans la chaîne alimentaire humaine seront justifiés sur des zones géographiques dont l’étendue devrait être précisée par des études cartographiques.

Le temps de transfert entre le Pacifique nord-ouest et la zone équatoriale est estimé à environ 10-15 ans, apprend-on dans le document de l'IRSN. Une partie des eaux de l’océan Pacifique Nord passe vers l’océan Indien via les mers indonésiennes et est ensuite transportée vers le sud de l’océan Atlantique. Ces temps de transfert ont été estimés à environ 30-40 ans.

Illustration : IRSN

Psychomédia avec sources: Le Figaro, Libération, IRSN.
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