Selon un rapport "déclassifié" obtenu par le journaliste Eric Schlosser en vertu de la loi sur le droit à l'information, une bombe atomique 260 fois plus puissante que celle d'Hiroshima a failli explosé en janvier 1961 en Caroline du nord, a révélé le Guardian le 20 septembre.

Un bombardier B-52 s'est disloqué en vol, laissant échapper deux bombes Mark 39 à hydrogène. L'une des deux s'est comportée comme si elle avait été larguée intentionnellement, malgré les mécanismes de sécurité. Son parachute s'est ouvert et le processus de mise feu s'est enclenché. La catastrophe a été évitée d'extrême justesse grâce à un modeste interrupteur à faible voltage.

Les villes de Washington, Baltimore, Philadelphie et même New York auraient pu être touchées. A l'époque, les autorités américaines ont nié que des vies avaient été menacées en raison de mesures de sécurité insuffisantes.

Dans le rapport rédigé 8 ans après, intitulé "Goldsboro revisité, ou comment j'ai appris à me méfier de la bombe H" (en référence au sous-titre du film Docteur Folamour), Parker Jones, ingénieur aux laboratoires nationaux de Sandia, écrit que 3 des 4 dispositifs censés empêcher une mise à feu accidentelle n'ont pas fonctionné correctement. "La bombe MK 39 Mod 2 ne possédait pas les mécanismes de sécurité appropriés pour un usage aéroporté à bord d'un B-52", conclut-t-il.

Cet incident, et quelques autres, ont été découverts par le journaliste dans le cadre de ses recherches pour son livre "Command and Control: Nuclear Weapons, the Damascus Accident, and the Illusion of Safety".

L'accident de 1980 à Damascus (Arkansas) mentionné dans le titre est mémorable et illustratif de diverses problématiques (dont le manque de préparation pour réagir à de tels incidents), a expliqué l'auteur au Globe and Mail. Un technicien a échappé une clé qui a percé la peau d'un missile Titan II. La fuite de carburant a entraîné une explosion du silo qui a projeté l'ogive nucléaire plusieurs centaines de mètres plus loin sur une route où circulaient des voitures.

"Ces armes demeurent une menace réelle et nous devenons complaisants à leur sujet à nos risques et périls", estime-t-il.

Le journaliste est également auteur du livre "Fast Food Nation : The Dark Side of the All-American Meal" paru en 2001.

Psychomédia avec sources: Le Monde, Globe and Mail.
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