Les travailleurs des vignobles, même s'ils ne pulvérisent pas de pesticides, et les riverains sont particulièrement exposés aux pesticides, selon une enquête réalisée par Générations Futures. Alors que les vignobles représente 3.7% de la Surface Agricole Utile en France, ils consomment environ 20% des pesticides (en masse). Ces derniers peuvent être perturbateurs du systèmes endocrinien, neurotoxiques ou "cancérigènes possible".

Générations Futures et Marie-Lys Bibeyran, une salariée agricole, ont mené cette enquête afin de vérifier à quel point les salariés viticoles qui travaillent dans les vignes mais ne pulvérisent pas les pesticides et les riverains sont contaminés par les pesticides.

Entre mi-octobre et mi-novembre 2012, ils ont fait analyser par le laboratoire Kudzu Science les mèches de cheveux de 25 personnes (15 salariés viticoles du bordelais, 10 non-salariés viticoles dont 5 riverains des vignes du bordelais et 5 « témoins » vivants loin des vignes).

Les résultats montrent:

  • 11 fois plus de résidus de pesticides en moyenne chez les salariés viticoles que chez les non professionnels habitant loin de vignes (6,6 pesticides en moyenne contre 0.6);
  • 10 pesticides différents chez 4 des 15 salariés viticoles;
  • 5 fois plus de résidus de pesticides en moyenne chez les non-professionnels de la vigne habitants près des vignes que ceux habitant loin des vignes (3 résidus de pesticides en moyenne chez les premiers contre 0,6);
  • 74 % des pesticides recherchés ont été retrouvés au moins une fois chez les personnes testées;
  • la présence d'un produit interdit, le diuron, chez un professionnel.

Ces résultats montrent que l’exposition des travailleurs agricoles à des pesticides dangereux est importante, même si ceux-ci n'ont pas manipulé les produits et que de vivre à proximité de zones cultivées, moins de 250 mètres, augmente l'exposition, souligne François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.

En mai 2012, l'Anses (Agence nationale française de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail) présentait une étude, menée avec des viticulteurs bordelais pendant 12 ans, qui montrait des effets des pesticides sur le cerveau. Les fonctions cognitives se dégradaient plus rapidement chez les viticulteurs utilisant plusieurs produits: après 4 ans, certains voyaient déjà leurs performances à des tests neurocomportementaux diminuer.

Ajoutons qu'en ce qui concerne les consommateurs de vin, ils auraient sans doute intérêt à regarder du côté des vins bio...

Générations futures appelle les citoyens à demander, à leurs côtés, la reconnaissance du "scandale sanitaire des pesticides" et l'interdiction de certains d'entre eux lors de la Semaine pour les alternatives aux pesticides qui se tiendra du 20 au 30 mars en France, en Afrique et dans "d’autres pays européens de plus en plus nombreux".

La France est le plus grand consommateur de pesticides d'Europe. Malgré le lancement du plan Ecophyto en 2008, et l’objectif affiché de réduction de 50% en 10 ans ainsi que l’exclusion des substances les plus dangereuses, la consommation de pesticides a augmenté entre la période de 2009-2010 et la période 2010-2011 de 2.7%.

Générations futures: Une enquête inédite sur les salariés viticoles et riverains des vignes : Quelles expositions aux pesticides viticoles ?

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