"La colère gronde parmi les psychiatres publics. L'intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (Idepp), qui regroupe l'ensemble des praticiens hospitaliers exerçant en santé mentale, a organisé une journée d'action, jeudi 18 novembre, pour dénoncer la "crise suraiguë"du secteur qui "met en péril ses missions de service public en faveur de la population". Alors qu'elle subit, depuis plusieurs années, des restrictions budgétaires importantes, la psychiatrie publique est maintenant confrontée à une pénurie de personnel qui la place en situation "de danger" pour faire face à la demande de soins.

Réclamant un plan d'urgence ainsi que l'octroi d'une revalorisation indemnitaire, les praticiens hospitaliers envisagent de faire grève dans la seconde quinzaine de janvier 2005 si leurs revendications ne sont pas entendues par le ministère de la santé. Pour les psychiatres, les perspectives de démographie médicale sont particulièrement sombres. "Nous sommes la catégorie de praticiens hospitaliers dont le nombre va le plus baisser ces prochaines années, a expliqué le docteur Eric Malapert, président du Syndicat des psychiatres d'exercice public (SPEP). Entre 2001 et 2020, nos effectifs vont chuter de 40 %.

"GLISSEMENT DES TÂCHES"

Huit cents postes de praticiens hospitaliers sont déjà vacants sur toute la France, sur un effectif de 4 500, et la pénurie se fait particulièrement sentir en province, notamment au nord de la France, zone qu'il qualifie comme "en voie de désertification". La même désaffection touche le métier d'infirmier psychiatrique : en région parisienne, il manque 15 % à 20 % des infirmiers dans les services, obligeant certaines structures à fermer.

Cette diminution des effectifs affecte la psychiatrie, alors que la file active des patients ne cesse d'augmenter. Entre 1989 et 2000, le nombre de patients pris en charge en ambulatoire a augmenté de 60 % et les hospitalisations de 11 %. Or, la psychiatrie prend en charge un spectre toujours plus large de malades, des SDF aux personnes âgées, en passant par les victimes de divers traumatismes ou les délinquants sexuels."

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